Les trafics d’oeuvres d’art font éternuer les paradis fiscaux

Lundi 16 mars 2015

Les trafics d’œuvres d’art font éternuer les paradis fiscaux

Le Point - Publié le 16/03/2015 à 06:06

Après Monaco et la Suisse, Singapour s’en prend à Yves Bouvier, le leader mondial du transport d’œuvres d’art, mis en examen en France.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel

La descente aux enfers du Genevois Yves Bouvier, patron de la société Natural Le Coultre, continue.

[…] Gel mondial des avoirs d’Yves Bouvier

La troisième tuile risque d’assommer encore davantage Yves Bouvier (dont la fortune est estimée entre 300 et 400 millions de francs suisses). La Haute Cour de Singapour vient d’ordonner le gel mondial de ses avoirs, a révélé vendredi le Financial Times. Or, non seulement l’homme d’affaires suisse a créé le port franc de la cité-État, mais il y est résident depuis 1989. Le journal suisse Le Temps, qui a obtenu la décision du tribunal singapourien, précise que celle-ci interdit à Yves Bouvier d’« aliéner ses biens, y compris les parts qu’il détient dans des sociétés, jusqu’à concurrence de 500 millions de dollars ».

En quelques jours, Monaco, la Suisse et Singapour, qui n’avaient pas la réputation de faire des misères aux fraudeurs, se mobilisent pour bloquer le roi des ports francs. Or, Yves Bouvier est toujours présumé innocent. Dans la presse suisse, il assume avoir réalisé des plus-values en traitant avec le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, propriétaire de l’AS Monaco, mais que celles-ci sont « parfaitement légales ». L’empressement de Singapour dans cette affaire risque d’affoler beaucoup de nantis. En effet, ce petit pays asiatique, devenu numéro cinq mondial de la gestion de fortune, a la réputation d’être devenu beaucoup plus sûr que la Suisse, car plus à l’abri des pressions. Pour preuve, pratiquement toutes les banques suisses y ont ouvert des filiales ces dernières années.

[…] Monaco, la Suisse et Singapour, sous la pression internationale, ont-ils (enfin) compris qu’il fallait moraliser le marché de l’art (qui pèse 50 milliards d’euros avec les antiquités), totalement opaque, devenu un lieu de blanchiment et de fraude fiscale. Pure coïncidence, il doit justement se tenir en novembre prochain à Genève une conférence sur l’art et le blanchiment d’argent. Lire la suite.

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