HSBC ferme tous les comptes des Britanniques à Jersey

Mardi 17 mars 2015

HSBC ferme tous les comptes des Britanniques à Jersey

Le Point - Publié le 17/03/2015 à 12:01

Le scandale de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale « SwissLeaks » a fait l’effet d’un tremblement de terre à la banque britannique HSBC.

De notre correspondant à Londres, Marc Roche

À la suite du scandale de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale (« SwissLeaks »), la banque britannique HSBC fait le ménage dans son empire off shore. Rendue publique le 17 mars, la décision de fermer tous les comptes de ressortissants britanniques et de résidents étrangers basés à Londres détenus par la filiale d’HSBC à Jersey participe de la volonté du géant d’outre-Manche de se recentrer sur son métier de base, la banque de détail. Près de 4 000 comptes sont concernés par cette opération de transparence, affirme la BBC sur la base de documents internes. D’autres nationalités devraient également être concernées par cette opération « mains propres » visant les clients de HSBC-Jersey. Il s’agit d’une mini-révolution dans l’histoire du centre financier off shore, qui respire d’ordinaire la quiétude.

« Il faut dédramatiser cette décision de HSBC. Il est normal pour une banque de savoir qui sont ses clients, d’où viennent les fonds et quel usage ils en font », a déclaré Ian Gorst, le Premier ministre de ce confetti de la Couronne posé à quelques lieues marines de Cherbourg. S’il relativise la nouvelle, le Chief Minister ne cache pas son inquiétude. En effet, aux côtés de la constitution de trusts opaques de protection patrimoniale, des fonds d’investissement et des pavillons de complaisance, la banque privée est l’un des quatre piliers de l’activité financière de cette île de 116 kilomètres carrés. Les avoirs détenus par les établissements financiers de Jersey s’élèvent à 1 300 milliards de livres (1 822,1 milliards d’euros), soit davantage que le budget de nombreux États.

[…] La décision de HSBC a été encouragée par Londres. En 2012, à la suite des révélations d’un lanceur d’alerte, le fisc de Sa Majesté avait lancé une enquête sur les avoirs de plusieurs milliers de sujets de la Couronne détenus à Jersey. Bon nombre de détenteurs de comptes se servaient de Jersey pour blanchir de l’argent issu de l’évasion fiscale ou du trafic de drogue. Une bonne centaine de clients de HSBC à Saint-Hélier sont de nos jours dans le collimateur de l’administration britannique des impôts. Les enquêteurs ont découvert dans le lot plusieurs banquiers accusés de fraude et un baron de la drogue.

Mais, comme dans le cas des actifs détenus par des clients britanniques chez HSBC Suisse, aucune poursuite criminelle n’est prévue à l’encontre des fraudeurs. Les professionnels de l’Esplanade, l’allée des banques, critiquent aujourd’hui la duplicité de Londres qui, à les entendre, est le plus gros paradis fiscal au monde. Le régime britannique de taxation favorable aux riches étrangers, le réseau de rabatteurs de fonds off shore et l’absence de supervision des trusts made in Britain en témoignent, disent-ils. HSBC devrait étendre cette décision à ses autres filiales de banque privée installées dans des paradis fiscaux. À l’instar, entre autres, des îles Cook, des îles Vierges britanniques, du Luxembourg, de Monaco ou des Bermudes… Lire la suite.

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