La Suisse ne veut plus être le receleur des « pourris de la terre »

Mardi 2 juin 2015

La Suisse ne veut plus être le receleur des « pourris de la terre »

Le Point - Publié le 02/06/2015 à 07:56 - Modifié le 02/06/2015 à 09:50

Dans une galerie d’art suisse, on a retrouvé des œuvres pillées à Palmyre. À Genève, le grand ménage a commencé. Mais les moyens paraissent dérisoires.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel

Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, la Suisse n’a pas fait le ménage à Zurich, du côté de la Fédération internationale de football association (Fifa). Sepp Blatter, originaire du canton du Valais, a conservé la tête du foot mondial. En revanche, la Confédération a débarqué sans ménagement l’avocate Christine Sayegh, ancienne députée socialiste, de la présidence des Ports francs et Entrepôts de Genève. Une forteresse de 150 000 mètres carrés soupçonnée d’abriter depuis des décennies des objets volés venant de tous les continents, en particulier des trésors archéologiques pillés en Syrie et en Irak.

Tout récemment, le magazine Bilan révélait qu’une galerie d’art de Genève proposait un buste de la ville de Palmyre, d’une mère avec son enfant. La ville vient de tomber entre les mains de l’État islamique. Cette même galerie d’art a été épinglée pour avoir détenu un monumental sarcophage romain en marbre, pesant une tonne, datant du IIe siècle avant Jésus-Christ, orné d’une sculpture représentant les douze travaux d’hercule. Selon la Turquie, ce sarcophage proviendrait de fouilles illégales près d’Antalya.

« Le réceptacle des pourris de la terre »

Après un sérieux temps de retard, le canton de Genève a décidé de faire le ménage dans cette zone de non-droit qui abriterait pour 100 milliards de francs suisses de biens, qu’il s’agisse de tableaux de maître, de voitures de luxe, de diamants ou de morceaux des bouddhas d’Afghanistan, détruits par les talibans. En avril 2014, le Contrôle fédéral des finances, qui dépend à Berne du ministère des Finances, s’était inquiété que les ports francs puissent être utilisés “pour contourner les dispositions légales sur le transfert des biens culturels, sur le matériel de guerre, sur les médicaments ou le commerce de diamants bruts“.

Alors que les banques suisses sont soumises à des normes de plus en plus sévères, en revanche la trentaine de ports francs de Suisse et les 245 entrepôts douaniers ouverts n’ont aucune règle à respecter. Sans problème, un fraudeur peut sortir son argent d’un établissement financier et louer un coffre dans un port franc pour y mettre ses économies non déclarées. “Il faut que nous soyons titillés par d’autres pays pour que nous bougions. Nous sommes parfois le réceptacle des pourris de la terre", constate la député socialiste Ada Marra dans La Tribune de Genève. Lire la suite.

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