Journalistes contre espions au tribunal

Samedi 6 juin 2015

Journalistes contre espions au tribunal

Emmanuel FANSTEN 4 juin 2015 à 19:19

RÉCIT Les auteurs d’un ouvrage sur la DCRI comparaissent ce vendredi en appel à Paris pour avoir divulgué les noms de cinq agents des services secrets.

Jusqu’où la liberté d’informer peut-elle empiéter sur le secret-défense ? Ce vendredi, trois journalistes comparaissent devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour avoir divulgué l’identité de cinq agents de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) dans un livre paru en janvier 2012, l’Espion du président (Robert Laffont). En première instance, le parquet antiterroriste avait requis contre eux deux mois de prison avec sursis, faisant aussitôt appel de leur relaxe. Une affaire qui fait aujourd’hui écho au débat sur le pouvoir croissant des services de renseignement.

[…] Principal problème dans la mouture actuelle : le libellé extrêmement large de l’article 413-13, qui tend à conférer aux agents des services de renseignement un régime exorbitant de droit commun sans la moindre nuance. Etrange blanc-seing, car autant la révélation de l’identité réelle d’un agent de terrain agissant sous couverture peut légitimement être sanctionnée, autant l’extension de ce privilège à ceux dont les missions n’exigent pas le respect de l’anonymat échappe au bon sens.

[…] Profil surprenant

C’est le cas de Paul-Antoine Tomi, dont le frère Michel, surnommé « le parrain des parrains », a été condamné plusieurs fois et se trouve aujourd’hui au cœur d’une enquête pour corruption d’agents publics étrangers. Un profil surprenant, au regard des conditions drastiques de recrutement à la DCRI. Depuis juillet 2010, un arrêté précise en effet que toute personne candidate à un poste au niveau secret-défense ou confidentiel-défense doit faire l’objet d’une enquête administrative. Des investigations devant déterminer si « l’intéressé, par son comportement ou son environnement proche, présente une vulnérabilité ». Mais que sont les liens avérés entre Michel Tomi et une partie du milieu corse, sinon une vulnérabilité pour son frère, en poste au cœur du contre-espionnage français ? En posant une telle question, des journalistes peuvent aujourd’hui être condamnés. Lire la suite sur le site du journal Libération.

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