FC Sochaux : entre lumière et ombre chinoises

Dimanche 21 juin 2015

21/06/2015 à 05:00

Football FC Sochaux : entre lumière et ombre chinoises

C’est imminent, le FC Sochaux va passer officiellement sous pavillon chinois. Après un an de tractations, l’officialisation du retrait de PSA au profit de Ledus, société spécialisée dans l’éclairage Led, doit intervenir dans quelques jours. Fin juin, début juillet. Tout un pan d’histoire se referme. Avec l’angoisse et toutes les questions que cela peut enfanter.

[…] Le FC Sochaux s’apprête à devenir le premier club européen propriété à 100 % d’un investisseur chinois. Jusque-là, on observait des greffes sur le sol européen. Comme en mars, quand le magnat Wang Jianli, patron du groupe Wanda, a pris possession de 20 % du portefeuille de l’Atletico Madrid. Cela répond à l’éveil de la Chine au football et à une volonté politique. Le ballon rond est devenu une cause nationale, un vecteur de conquête économique. « Il n’y a pas de formation comme on la conçoit en France. Il n’existe pas d’académie, de clubs en tant que tels, c’est simplement une formation par la scolarité », nous confiait Alain Perrin, le dernier entraîneur sochalien à avoir ramené un trophée dans le Doubs, aujourd’hui directeur technique national (DTN) en Chine. À la rentrée, chaque écolier travaillera ses gammes, ballon au pied. Mais si l’anxiété et le pessimisme émergent de l’inconscient collectif, cela vient d’autres parallèles plus obscurs. Du côté de Birmingham City, Carson Yeung, businessman, avait pris en 2009, 30 % du capital, avant d’être rattrapé par la justice de Hong Kong. Condamné à six ans de prison pour le blanchiment d’environ 83 M€, il vient de voir son appel rejeté. À Grenoble, l’expérience japonaise a tourné court. Et envoyé le club dans les bas-fonds de la pyramide sportive.

Il n’en faut pas plus pour nourrir les fantasmes les plus sombres. D’autant que Ledus est une marque de Tech Pro Technology, société domiciliée aux Îles Caïman. Sa filiale Ledus Club Ltd est, elle, basée aux Îles Vierges britanniques, qui figurent également, depuis 2014, sur la liste des paradis fiscaux. La surface financière du repreneur et son chiffre d’affaires cadrent mal avec les fortes exigences d’un football professionnel français dénué de modèle économique viable. Même si la valorisation boursière de Tech Pro Technology s’élève à un milliard d’euros.

Alors le profil de Ledus a été épluché. Ce genre de dossier passe par les filtres habituels : l’enquête Tracfin, service de renseignement rattaché au ministère des Finances et des Comptes publics, destiné à lutter contre les circuits financiers malsains et le blanchiment d’argent. La DNCG en dernier lieu. Le passage devant le gendarme financier s’est opéré mardi dernier. Sans encombre. « Il ne faut pas qu’on dissuade les investisseurs étrangers à venir dans le sport professionnel français. Le Code du sport est une première protection. Mais nous avons diligenté un groupe de travail avec la Ligue et l’administration, pour qu’il n’y ait pas de doute sur la pérennité de ces projets de reprise. À Sochaux, il y a notamment un centre de formation de qualité, il faut protéger ce savoir-faire », confiait Thierry Braillard, secrétaire d’État chargé des Sports. Lire la suite.

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