Mexique : l’étau se resserre sur l’intouchable Carlos Hank Rhon

Samedi 22 août 2015

Mexique : l’étau se resserre sur l’intouchable Carlos Hank Rhon

Mis en ligne le 20.08.2015 à 05:55

François Pilet

Enquête. Le sulfureux milliardaire mexicain a fait tourner en bourriques deux générations de procureurs genevois. Les Etats-Unis vont se pencher sur son cas.

Le 4 mai dernier, lors d’une conférence de presse, les procureurs genevois Olivier Jornot et Yves Bertossa l’avaient décrit comme « un Mexicain bien connu de certains cartels ». Révélé par L’Hebdo trois mois plus tôt dans l’opération SwissLeaks (notre édition du 12 février), le compte HSBC à 180 millions de dollars du magnat Carlos Hank Rhon était un des cas qui avaient justifié l’ouverture d’une enquête du parquet genevois pour « blanchiment aggravé » contre la banque.

Ces accusations ont fait long feu. HSBC s’en est sortie en versant 40 millions de francs à l’Etat de Genève. Carlos Hank Rhon, quant à lui, n’a absolument pas été inquiété. Lors de la conférence de presse de mai dernier, le procureur Yves Bertossa avait expliqué qu’il aurait été « trop complexe » de mener une enquête pour éclaircir l’origine des fonds du milliardaire. Son supérieur, Olivier Jornot, avait décrit le bouclement de l’affaire comme « un bon deal ».

À la barbe des superflics

[…] Ce n’est pas la première fois que Carlos Hank Rhon se montre plus malin que les enquêteurs suisses. A la fin des années 90, la procureure fédérale Carla Del Ponte s’était déjà cassé des dents sur cet homme d’affaires, soupçonné à l’époque d’avoir aidé l’ancien président mexicain Carlos Salinas à siphonner un demi-milliard de dollars des caisses de l’Etat.

Plus de 60 millions avaient atterri en Suisse. Le juge genevois Paul Perraudin avait décortiqué un écheveau de transactions financières pour retrouver ces fonds. Mais sans parvenir à épingler Carlos Hank Rhon.

En quittant Genève le 8 juin dernier, survolant la rade à bord de son magnifique Gulfstream immatriculé à ses initiales, le magnat mexicain avait de quoi sourire. En maintenant ses comptes à Genève malgré toutes les enquêtes lancées contre lui depuis vingt ans et en se tirant indemne de l’affaire SwissLeaks, le milliardaire peut désormais se vanter d’avoir fait tourner en bourriques deux générations de procureurs genevois. Lire la suite.

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