L’(in)fortune fiscale de la famille Wildenstein

Mardi 8 septembre 2015

L’(in)fortune fiscale de la famille Wildenstein

Valerie de Senneville / Journaliste | Le 08/09 à 07:00

Au-delà de la querelle d’héritage pour accaparer l’immense richesse accumulée par le marchand d’art Daniel Wildenstein, le procès de son fils Guy, qui s’ouvrira début janvier à Paris, sera surtout celui des trusts et de leurs côtés obscurs.

La tête coupée est belle et cauchemardesque… Les yeux et la bouche, déjà noirs de ténèbres, hésitent entre agonie et effroi, pendant que les serpents s’agitent encore en masse sur le crâne, comme une chevelure grouillante et vénéneuse… La « Méduse », le célèbre tableau peint en 1598 sur un bouclier par le Caravage, n’aurait sans doute pas déparé dans la collection Wildenstein, tant par l’atmosphère violente et malsaine qui s’en dégage que par la cote du génial peintre lombard, qui atteint aujourd’hui des sommets. Début janvier s’ouvrira à Paris le procès de Guy Wildenstein, de son ex-belle-soeur, de son neveu et de cinq autres prévenus (banques, avocats et notaire). Tous sont renvoyés pour fraude fiscale et/ou blanchiment de fraude fiscale et complicité. Et à lire les soixante-dix pages de l’ordonnance qui renvoie ce beau monde devant le tribunal correctionnel, on hésite entre un remake sulfureux de la série américaine « Dallas » et un précis de fiscalité internationale : mariage, remariage, « secondes épouses », jalousies et plusieurs millions d’euros placés dans des trusts.

L’enquête des juges parisiens Guillaume Daïeff et Serge Tournaire a cherché à mettre en lumière ces mécanismes de droit anglo-saxons permettant d’isoler tout ou partie de sa fortune entre les mains d’un trustee, à charge pour celui-ci de l’administrer pour le compte d’un bénéficiaire. Cela fait des années que les juges ont dans leur ligne de mire ces montages accusés de tous les maux - fraude, blanchiment, évasion - et généralement situés dans des lieux exotiques - Bahamas, îles Caïmans, îles Vierges. Les limiers du fisc et de la justice attendaient juste qu’une de ces forteresses fiscales explose. Ce sera celle des Wildenstein, collectionneurs et marchands d’art depuis trois générations, dont nul encore aujourd’hui ne connaît exactement l’étendue de la fortune.

[…] La fiscalité des trusts en question

L’enquête pénale va permettre de reconstituer le tableau du patrimoine de Daniel Wildenstein, « et encore partiellement », regrettent les juges, qui détaillent un incroyable inventaire à la Prévert de propriétés, tableaux, galeries d’art… L’ensemble logé dans sept trusts constitués soit par Daniel (Daniel Trust, Sons Trust, David Trust, Sylvia Trust) soit par son fils Alec (AW Trust, Drawdale Trust et Louve Trust).

Guy Wildenstein se retrouve mis en examen et renvoyé pour fraude fiscale, dans le cadre des successions de son père et de son frère. Les juges et le fisc considèrent qu’il aurait dû réintégrer les biens trustés dans l’actif successoral et donc payer des droits.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20150908/lec1_enquete/021304480663-linfortune-fiscale-de-la-famille-wildenstein-1153307.php?qiDDGKVRZwAUmci6.99

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