La Russie veut ramener ses oligarques au bercail

Vendredi 30 octobre 2015

La Russie veut ramener ses oligarques au bercail

Fiscalité La volonté de Moscou de placer la Suisse sur une liste noire de paradis fiscaux n’est pas due qu’à des raisons économiques. Le Kremlin a un autre objectif.

La volonté du fisc russe de placer la Suisse sur une liste noire de paradis fiscaux ne doit rien au hasard. Ce ne sont pas les pratiques helvétiques qui sont en cause mais la décision de Moscou de forcer ses oligarques à rentrer au pays.

Or la Suisse abrite un oligarque de poids, moins connu que Roman Abramovitch, le propriétaire du FC Chelsea, mais Viktor Vekselberg est bien connu dans le pays. Sa fortune, estimée à 15 milliards de dollars lui a permis de prendre de nombreux intérêts par le biais de son véhicule d’investissement Renova.

Figurent notamment dans son portefeuille une participation de 26% dans le groupe industriel Schmolz + Bickenbach, de 63% dans Sulzer et de 43% dans Oerlikon, rappelle le Tages-Anzeiger dans son édition du 30 octobre.

Des gestionnaires inquiets

Un porte-parole de Renova n’a pas voulu commenter l’annonce de Moscou. Quant aux conseillers suisses de fortunes russes, ils ne savent pas encore si cette liste va vraiment voir le jour. Ils attendent donc de voir ce qui va se passer mais ils redoutent de ne pas en avoir le temps puisque le FNS, le fisc russe, veut que sa liste ait force de loi dès 2016.

« Il n’y aucune raison à cette répression russe », s’inquiète un de ces gestionnaires de fortunes, rappelant qu’il existe entre Berne et Moscou une convention de double imposition depuis trois ans. L’échange d’informations fiscales, présenté par le Kremlin comme déficient et comme une raison de la future liste, fonctionne très bien.

Des milliards vers la Suisse

Pour l’avocat zurichois Bernhard Lötscher, l’attitude de la Russie ne doit pas être interprétée comme une attaque contre la Suisse. « Il s’agit plutôt d’une tentative de rapatrier les entreprises contrôlées par des Russes, ou au moins leurs bénéfices », explique-t-il.

Et la Suisse représente dans cette optique une cible de choix. Outre Viktor Vekselberg, plusieurs oligarques aux fortunes moins imposantes, mais souvent discrets, se sont établis en Suisse. Selon la banque centrale russe, ce ne sont pas moins de 6,7 milliards de dollars qui sont sortis du pays pour aller en Suisse durant les neuf premiers mois de 2015. Plus du double de l’année précédente.

(nxp)

(Créé : 30.10.2015, 10h04)

Revenir en haut