Les louis d’or de Jean-Marie le Pen

Lundi 9 novembre 2015

Société | 8 novembre 2015

Les louis d’or de Jean-Marie le Pen

ENQUETE - Des perquisitions menées cette semaine chez l’ancien leader du FN ont mis au jour 29 pièces d’or. Le fisc était déjà sur la piste d’un compte offshore alimenté en or.

Sa voix est fluette avec l’accent un peu chantant du Var. Mais ce mercredi matin, sa colère la fait monter dans les aigus. Gérald Gérin est furax. « On veut tuer M. Le Pen ! », s’époumone ce garçon de 41 ans qui depuis le milieu des années 1990 ne quitte pas d’une semelle l’ancien patron du parti d’extrême droite. Le matin même, les policiers ont conduit des perquisitions chez Jean-Marie Le Pen et son majordome. « Je me sens violé de l’intérieur », écume ce dernier.

[…] Un avocat amoureux de la langue française et du secret fiscal

Tout part d’une enquête Tracfin, l’organisme chargé de la lutte contre le blanchiment, ­révélée en avril par le site Mediapart. Selon Tracfin, Gérald Gérin serait l’actionnaire d’une société, Balerton, immatriculée aux îles Vierges britanniques, qui elle-même contrôlerait un compte secret crédité d’une somme de l’ordre de 2 millions d’euros. Le gestionnaire de la société Balerton, l’avocat suisse Marc Bonnant, confirme son existence : « Le secret professionnel m’interdit de vous dire qui est l’actionnaire, mais je puis vous affirmer, confie l’avocat au JDD, que ce n’est ni Jean-Marie Le Pen ni sa fille Marine. » Me Bonnant, grand amoureux de la langue française (il joue au théâtre en plaidant les procès de Baudelaire ou de Marie-Antoinette) et du secret fiscal (« cette chose étrange pour vous que nous avons en Suisse »), se refuse à en dire davantage. Il concède toutefois que « l’actionnaire a changé à plusieurs reprises de banque ». Initialement dans une banque à Guernesey, HSBC, l’argent est passé à la Compagnie bancaire helvétique, aux îles Vierges britanniques, assez récemment, confirme l’avocat.

Selon Mediapart, le compte de Balerton serait crédité d’une somme de 2,2 millions d’euros, dont 1,7 million en lingots et pièces d’or. « Sans que ce soit nécessairement des lingots qui se baladent », nuance Me Bonnant, admettant « des contreparties en or ». « Depuis que je m’occupe de cette société, aucun centime n’est jamais venu de France », dit-il. Cet ancien bâtonnier de Genève, qui vendredi répondait aux questions du JDD depuis Dubai « sous un magnifique coucher de soleil », assure aussi que « cet argent était en Suisse depuis des décennies »… Une phrase lâchée au passage, mais qui renforce l’énigme de ces fonds. Comment ces 2 millions « en Suisse depuis des décennies » se sont-ils retrouvés entre les mains du jeune Gérald Gérin, né en 1974 ? Lire la suite sur le site du JDD.

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