Comment traquer l’argent du terrorisme ?

Lundi 16 novembre 2015

G20

Comment traquer l’argent du terrorisme ?

Par Vittorio De Filippis — 16 novembre 2015 à 19:27

Les dirigeants des pays riches réunis en Turquie veulent assécher les flux financiers. Pas facile dans le cas de l’Etat islamique.

Dons, contrebande de pétrole, extorsions de fonds, pillage de monuments historiques, reventes d’œuvres d’art, enlèvements… Les soldats d’Allah le savent : l’argent est le nerf de la guerre sainte. Les attentats de Paris ont donné une nouvelle résonance internationale à la question du financement du terrorisme. « Nous demandons au Gafi (Groupe d’action financière)de faire un rapport aux ministres des Finances (du G20) lors de leur première réunion en 2016 sur les progrès faits par les Etats pour corriger les faiblesses en matière d’assèchement des flux de financement liés au terrorisme », ont écrit les dirigeants des vingt premières puissances économiques mondiales dans le communiqué concluant leur sommet d’Antalya (Turquie), ce lundi. Pour le ministre français des Finances Michel Sapin, présent au G20, aux côtés du chef de la diplomatie Laurent Fabius, de nouvelles règles pour faire face au financement du terrorisme sont indispensables pour resserrer les « mailles du filet ».

Pour que ces belles paroles trouvent une traduction dans les faits, il fallait désigner une institution capable de piloter et coordonner un tel programme au niveau mondial. Les représentants des vingt pays les plus riches de la planète ont décidé de placer le Gafi ou Financial Action Task Force (FATF) en tête du dispositif de lutte contre le financement du terrorisme. Ce mécanisme intergouvernemental (qui ne compte que 35 pays) a été créé en 1989 lors d’un sommet à Paris pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (déjà).

[…] Pour Jean-Charles Brisard, spécialiste du financement du terrorisme, cela ne fait aucun doute : « Le modèle de financement de Daech est unique au monde. La nébuleuse Al-Qaeda avait besoin de financement extérieur, de transferts de fonds, du circuit bancaire classique, de fausses entreprises domiciliées dans des paradis fiscaux…C’était relativement facile d’avoir une traçabilité de l’argent et de bloquer des comptes. Daech est dans une position qui n’a rien à voir. Elle est sur un territoire qui regorge de matières premières… »

En financier avisé, l’Etat islamique (EI) n’a cessé de diversifier ses sources de financement. Chaque jour, le pétrole extrait des champs de Syrie et d’Irak est revendu au marché noir et lui rapporte jusqu’à un million de dollars selon les renseignements américains, soit l’équivalent de près de 50 000 barils par jour. Les Etats-Unis, mais aussi la France ont souvent accusé la Turquie de fermer les yeux sur des intermédiaires locaux qui se chargent de la revente de ce pétrole au noir. Mais de trace monétaire, rien. « Pas la moindre trace, confie un haut fonctionnaire, alors qu’on sait pertinemment qu’une partie du pétrole extrait sur le territoire syrien occupé par Daech prend la route de la Turquie et que le baril de pétrole dépasse rarement les 30 dollars », bien en dessous du cours officiel. Lire la suite sur le site du journal Libération.

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