Karren Brady, la Dame d’enfer

Mercredi 18 novembre 2015

Karren Brady, la Dame d’enfer

Vice-présidente de West Ham, animatrice télé, membre de la Chambre des Lords, possible candidate à la mairie de Londres en 2016, Karren Brady incarne l’Angleterre du foot et de la politique version libérale : décomplexée, dérégulée.

Lorsque David Cameron, premier ministre conservateur, nomme Karren Brady pair à vie de la Chambre des Lords en août 2014, c’est parce qu’elle représente une précieuse rareté : apparaître dans cinq cases rentables en matière d’image. Femme, football, business et télévision – dans une émission pour jeunes. C’est aussi pourquoi son nom est cité pour la candidature du parti conservateur à la mairie de Londres à l’élection de mai 2016. La biographie de Karren Brady, telle qu’elle est colportée régulièrement dans la presse anglaise par des rédactrices groupies, est la chanson de geste d’une self-made woman. Avec les ingrédients nécessaires à la réussite : compétence, ambition, culot, relationnel.

[…] Drôles de mentors

Mais les réseaux de Karren Brady suffisent à rendre West Ham présentable, au point de réussir un coup fameux : devenir club résident du Stade olympique de Londres 2012, visé également par Tottenham, les London Wasps et les Saracens (rugby). Le résultat de l’intense travail de réseaux mené par Karren Brady. Elle dispose en effet de trois mentors, fortunés et influents. Il y a donc le magnat de la presse David Sullivan (1,2 milliard d’euros au compteur). Est venu ensuite Lord Alan Sugar (1,9 milliard), fondateur d’Amstrad, propriétaire de Tottenham de 1991 à 2007 et personnalité des médias. C’est lui qui a facilité en 2007 l’entrée de Karren Brady à la BBC dans les diverses versions de The Apprentice, le show de télé-réalité. Son autre mentor est Philip Green (4,6 milliards), géant de la grande distribution dans le textile, supporter de Tottenham Hotspur. Il la nomme en 2010 directrice non-exécutive (conseil) à Taveta Investments, sa holding, domiciliée à Jersey.

L’évasion fiscale est en effet pratiquée intensément par Philippe Green. Lui et sa femme sont résidents monégasques et ont opéré une série de tours de passe-passe (failles juridiques, niche fiscale), principalement lorsque Philip Green a transféré en 2002 sa holding au nom de Tina Green, son épouse, et l’a basée à Jersey, un paradis fiscal.

Drôle de parcours

Le rapport à l’impôt de Karren Brady est une potentielle faiblesse dans un parcours que rien ne paraît devoir arrêter.

[…] Les journaux anglais montrent du doigt les millionnaires qui ont voté la réduction des crédits d’impôts et, avec ses 174 millions d’euros de fortune, la jeune femme en fait partie… ce qui provoque la colère de téléspectateurs de The Apprentice appelant au boycott de l’émission à laquelle Brady participe. Elle paye là le prix d’un rapport à l’impôt totalement utilitariste à son profit. Directrice dans une holding domiciliée dans un paradis fiscal puis vote à la Chambre des Lords pour une réduction d’impôts concernant les ménages les plus modestes  : l’affaire du Stade olympique de Londres aggrave considérablement son dossier. Lire la suite.

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