Viagra et Botox, un mariage détonant

Mardi 24 novembre 2015

Viagra et Botox, un mariage détonant

REPLAY / ÉDITO - Wall Street se prépare à célébrer la plus importante fusion de l’année. On parle de 150 milliards de dollars pour le mariage des deux grands laboratoires pharmaceutiques.

Par Christian Menanteau , Loïc Farge publié le 23/11/2015 à 07:53 mis à jour le 23/11/2015 à 09:02

C’est un mariage détonnant : le Viagra qui emballe le Botox. On voit bien les affinités entre le producteur de la virilité en pilules et celui du traitement des rides. Maintenant, est-ce que cette union vaut 150 milliards de dollars ? En termes de recherche, de convergences industrielles et de brevets, cela reste à démontrer. En revanche, ce qui est évident c’est le désir brûlant de Pfizer, le labo du Viagra, pour Allergan celui des antirides. Mais plus qu’un mariage d’amour, c’est une évasion fiscale maîtrisée qui se prépare. Le premier a son siège à New York ; le second, en Irlande.

Une évasion fiscale maîtrisée

Dès que Wall Street aura béni l’union, le couple ira s’installer à Dublin. Un exil qui permettra à Pfizer de diviser légalement par les impôts sur ses 9 milliards de bénéfices. En Irlande les entreprises sont taxées à 12,5%, contre 35% aux États-Unis. C’est le moteur de cette passion subite. Une passion qui court après le calendrier, car le temps presse.

Barak Obama, qui en a ras-le-bol de voir ses plus belles entreprises (Apple, Google, General Electric, Amazon, Starbucks…) de jouer au chat et à la souris avec le Fisc, veut changer la donne. Il va devenir très difficile, voire impossible, pour les sociétés américaines de délocaliser leur adresse fiscale vers des pays où ils font très peu de chiffre d’affaires, mais qui acceptent de centraliser tous leurs bénéfices et de les taxer a minima.

Autres mariages en vue

Dans cette opération on ne parle pas beaucoup de médicaments, de recherche ou de santé. Ce n’est pas l’objectif premier de cette affaire. Cela dit, ce sont de grands laboratoires. Une fois réunifiés, ils formeront la plus grosse entreprise pharmaceutique du monde : 330 milliards de dollars en Bourse. Car au-delà du Viagra ou du Botox, qui sont des mines d’or à ciel ouvert, ils proposent des collections de médicaments qui ont des diffusions planétaires.

Mais dans ce secteur comme dans beaucoup d’autres, de gigantesques restructurations se préparent. Il y aura d’un côté les grands labos historiques qui se regroupent et se recentrent sur des activités médicales très ciblées où ils sont dominants : traitements des cancers, du diabète, des maladies neurodégénératives car elles exigent d’énormes investissements financiers. De l’autre, il y aura des spécialistes des génériques qui fourniront l’essentiel des rayons de nos pharmacies. Il faut donc s’attendre à d’autres mariages. Lire la suite sur RTL.

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