La Suisse n’enterre pas complètement son secret bancaire

Dimanche 6 décembre 2015

La Suisse n’enterre pas complètement son secret bancaire

Voté en septembre dernier par le Parlement helvétique, le secret bancaire ressort un pied de la tombe. Il ne s’appliquera déjà pas aux Suisses.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 05/12/2015 à 09:26 | Le Point.fr

Le 16 septembre dernier, le Conseil national suisse (l’Assemblée nationale) avait plébiscité le principe de l’échange automatique de renseignements fiscaux. Cela veut dire qu’un inspecteur des impôts en France pourra se procurer le compte en banque en Suisse d’un contribuable de sa circonscription. C’est donc la fin du fameux secret bancaire helvétique, qui contribue depuis 1924 à la prospérité du pays. Les députés mettaient tout de même un garde-fou, ce dispositif s’appliquant qu’en 2018. D’ici là, les fraudeurs auront le temps de régulariser leur situation, ou d’aller planquer leurs avoirs dans d’autres paradis fiscaux.

[…] La Suisse veut rester la Suisse

La Suisse reste le premier centre offshore de la planète, avec un volume de 2 200 milliards de francs suisses (2 050 milliards d’euros) d’avoirs privés déposés par des clients étrangers, soit 27 % de part de marché. Les Caraïbes et Panama arrivent loin derrière (980 milliards d’euros), suivis par le Royaume-Uni (850 milliards) et Singapour (810 milliards). Par ailleurs, par 28 voix contre 15, les sénateurs ont refusé que les banquiers soient obligés de jouer les gendarmes en veillant à ce que tous les nouveaux dépôts de clients étrangers soient « fiscalisés », note le quotidien Le Temps de Lausanne. Une formule polie pour expliquer que les établissements financiers n’auront pas trop à se creuser la tête pour traquer d’éventuels fraudeurs du fisc parmi leurs nouveaux clients…

Moralité, la Suisse a bien l’intention de rester la Suisse. Ce sera simplement un peu plus compliqué d’échapper à son inspecteur des impôts. Plus question de déposer ses sous directement à Genève, il faudra passer par un pays qui n’aura pas signé un accord d’échange automatique de renseignements fiscaux avec la Confédération. Cela coûtera un peu plus cher pour les fraudeurs. Mais qui va les plaindre ? À moins de prendre la nationalité suisse, ce que font actuellement certains riches étrangers installés sur les bords du lac Léman. Lire la suite.

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