Le Vista Palace, perle de la côte d’Azur, dans le viseur de la justice
Un somptueux palace, un administrateur judiciaire accusé de corruption, et l’ancien émir du Qatar pour nouveau propriétaire. Tous les ingrédients d’un bon polar. La justice vient d’ouvrir une enquête.
Matthieu Pelloli | 09 Déc. 2015, 00h00 | MAJ : 09 Déc. 2015, 08h40
La vue est à couper le souffle. L’un des plus beaux hôtels au monde (70 chambres dont 20 suites) perché sur les hauteurs de Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), en pleine Riviera française. Le Vista Palace surplombe la baie de Monaco. Mais, depuis plusieurs mois, ce nid d’aigle racheté en 2014 attire surtout « les vautours », peste un connaisseur des arrière-cuisines du palace.
Selon nos informations, la justice vient de s’emparer de ce dossier.
Une information judiciaire a été ouverte fin novembre. Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Charlotte Bilger doivent faire la lumière sur cette obscure affaire. A l’origine, une plainte de l’ancien propriétaire du Vista Palace, Bruno Arosio, pour abus de pouvoir par un administrateur judiciaire, corruption active et passive et trafic d’influence commis par une personne exerçant l’autorité publique.
[…] La belle opération du Qatar Déjà propriétaires de plusieurs hôtels de luxe (le Martinez à Cannes, le Palais de la Méditerranée à Nice), les investisseurs qatariens apprécient la Côte d’Azur. L’ancien émir du Qatar Hamad bin Khalifa al-Thani lorgnait sur le Vista Palace avant sa mise en redressement judiciaire. A l’époque, French Properties Management (FPM), la société gérant les affaires immobilières de la famille royale en France, réfléchissait à se positionner sur l’établissement de luxe pour un montant largement supérieur à 100 M€, assure la plainte que nous avons pu consulter. A 30,5 M€, autant dire que le Qatar a fait une magnifique affaire. Derrière FPM, il y a une femme, Chadia Clot. Contactée plusieurs fois, cette Palestinienne, proche d’Hamad bin Khalifa al-Thani, ne nous a pas répondu. Sur le dossier, l’ambassade et Elypont, l’un des relais en France du fonds souverain du Qatar, se renvoient la balle et ne font guère plus de commentaires. « Il y a beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire, estime l’un des conseils de Bruno Arosio, ex-propriétaire du Vista Palace. Les bénéficiaires économiques finaux sont des sociétés de droit luxembourgeois et au moins une société de droit néerlandaise, mais qui ne sont pas clairement identifiées. Comme si, dès qu’il s’agit de la famille royale du Qatar, il ne semblait plus requis de disposer des informations obligatoires dans le cadre de la lutte contre le blanchiment. » Lire la suite.