Algérie : peines de prison ferme dans le cadre du procès Sonatrach

Vendredi 5 février 2016

Algérie : peines de prison ferme dans le cadre du procès Sonatrach

Par AFP , publié le 02/02/2016 à 21:18 , mis à jour à 21:26

Alger - Des peines de prison ferme ont été prononcées mardi à Alger dans le cadre du vaste procès pour corruption de la Sonatrach, géant du pétrole, tandis que des sociétés italienne et allemande ont écopé d’amendes.

Reporté à plusieurs reprises, ce procès qui a duré un mois a tenu en haleine l’opinion publique et alimenté régulièrement la presse algérienne.

Dans ce pays qui dépend à 97% de ses hydrocarbures, la puissante Sonatrach, considérée comme la première société d’Afrique, est un acteur incontournable de la vie économique.

Un tribunal d’Alger a prononcé huit peines de prison allant de 18 mois avec sursis à 6 ans ferme, la plupart assorties d’une amende, et sept acquittements. Quatre sociétés, dont l’Italienne Saipem et l’Allemande Funkwerk, ont en outre été condamnées à des amendes allant de 4 à 5 millions de dinars (34.000 à 42.500 euros).

Ces quinze personnes et quatre sociétés étaient accusés d’association de malfaiteurs, détournement de fonds publics, blanchiment et corruption dans le cadre de marchés conclus « de gré à gré » avec des compagnies étrangères.

L’ancien PDG de la Sonatrach Mohamed Meziane a écopé de 5 ans de prison avec sursis et deux millions de dinars d’amende (environ 17.000 euros). Ses avocats et lui n’ont pas voulu s’exprimer après le verdict.

Le procureur avait requis contre lui 15 ans de prison et une amende de trois millions de dinars.

Ses fils Mohamed Réda Meziane et Bachir Fawzi Meziane, ont eux été condamnés respectivement à six et cinq ans de prison ferme.

  • « Fondamentalement injuste » -

Un ancien vice-président de Sonatrach, Belkacem Boumediene, incarcéré depuis six ans, a écopé de 5 ans de prison ferme. Son avocat, Me Abdelhak Medani, a déclaré à l’AFP que cette décision était « fondamentalement injuste envers un cadre qui a dévoué sa vie à la nation à travers l’entreprise (Sonatrach) », annonçant qu’il allait faire appel dès mercredi.

Un autre vice-président de Sonatrach, Benamar Zenasni, incarcéré depuis six ans, a lui été acquitté, sous les yeux de sa femme et ses filles en pleurs.

Autre protagoniste du procès, l’ex-directeur de la banque publique CPA, Hachemi Meghaoui a écopé de cinq ans de prison ferme pour blanchiment d’argent et son fils Yazid de six ans ferme.

Du côté des sociétés, l’Allemande Funkwerk a été condamnée à payer une amende de cinq millions de dinars, un million de plus que la SARL Contel Algérie, le groupe algéro-allemand Contel-Funkwerk -dont le patron Mohamed Reda Djaafar al-Ismaïl a écopé de 6 ans de prison ferme- et le groupe italien Saipem Contracting Algeria.

Dans un communiqué, Saipem a indiqué qu’elle allait faire appel, niant s’être rendu coupable de « surfacturation ».

L’Allemand Funkwerk a également été interdit de soumissionner en Algérie pendant 5 ans. Le plus important est que « le groupement a été relaxé concernant l’accusation de corruption », a indiqué l’une de ses avocats, Me Samira Hemi.

Le volet civil de l’affaire devait débuter après ce verdict, afin notamment de déterminer les dédommagements pour les parties civiles. Me Mohamed Zouakou, représentant l’Etat, a déclaré à l’AFP vouloir demander une indemnisation conséquente.

Un autre procès concernant Sonatrach est en cours d’instruction en Algérie. Il implique notamment l’ex ministre de l’Energie Chakib Khellil, un proche du président Abdelaziz Bouteflika désormais installé aux Etats-unis.

La justice italienne enquête aussi sur ce dossier dans lequel Saipem est soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés en Algérie.

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