Olivier Fric, les cachotteries d’un mari encombrant

Jeudi 11 février 2016

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Olivier Fric, les cachotteries d’un mari encombrant

Par Emmanuel Fansten — 10 février 2016 à 20:31

« Consultant en énergie », l’époux d’Anne Lauvergeon est soupçonné par Tracfin de blanchiment de fraude fiscale et d’avoir spéculé sur le rachat d’Uramin par Areva.

Jusqu’où le mari d’Anne Lauvergeon est-il intervenu dans le dossier Uramin ? L’enquête judiciaire a révélé qu’Olivier Fric, 56 ans, bénéficiait de très nombreuses informations sur la société minière, rachetée à prix d’or par Areva malgré des gisements inexploitables. Lors d’une perquisition au domicile des époux Lauvergeon, les limiers de la Brigade financière ont découvert dans le bureau d’Olivier Fric un grand nombre d’éléments liés à l’affaire, disséminés entre des chemises cartonnées et des clés USB. Audits confidentiels, comptes rendus de comités stratégiques, mails internes… les policiers ont mis la main sur des dizaines de documents relatifs au rachat d’Uramin, pour la plupart confidentiels.

Olivier Fric, qui se présente comme « consultant en énergie », a-t-il utilisé cette documentation nourrie pour spéculer sur Uramin ? « Aucun élément retrouvé ne permet de compromettre pénalement mon client », assure son avocat, maître Mario Stasi. Mais la piste est très sérieusement envisagée par Tracfin, le service antiblanchiment de Bercy. Dans une note datée du 31 juillet 2015, révélée par Charlie Hebdo et que Libération a pu consulter, Tracfin met en lumière des « flux atypiques » sur plusieurs comptes détenus par Olivier Fric. Des flux qui pourraient être constitutifs d’un délit d’initiés en lien avec le rachat d’Uramin.

Mélange des genres.

Le service pointe en particulier un compte ouvert au Crédit suisse, détenu par la société Amlon Limited. Immatriculée aux îles Vierges britanniques, cette coquille détient un compte dont les ayants droit économiques sont Olivier Fric et un de ses associés, Franck Hanse. Entre le 18 mai et le 12 juin 2007, 19 ordres d’achat ont été passés sur le compte de cette société, pour l’acquisition de 326 850 titres de la société Uramin. Le 20 juin, quelques jours après l’annonce de l’OPA d’Areva sur Uramin, tous ces titres sont cédés en une seule opération, créant un bénéfice net de 299 000 euros. Une partie de ces fonds a ensuite été transférée sur le compte d’une autre société basée au Liechtenstein, appartenant elle aussi à Fric. Conclusion de Tracfin : « Il peut être raisonnablement envisagé qu’[il] ait disposé d’une information dont n’ont pas bénéficié les autres acteurs du marché boursier, pour en tirer profit par l’entremise d’entités juridiques sous son contrôle. » Par ailleurs, précise le service antiblanchiment, les ordres d’achat et de vente de titres ont été effectués sur les comptes bancaires d’une des sociétés dont Olivier Fric est l’ayant droit économique, « laissant penser à une volonté de masquer l’opération ». La note révèle en outre que le mari d’Anne Lauvergeon détient plusieurs comptes à l’étranger, qu’il n’a déclarés au fisc qu’à partir de 2013. « La détention par M. Olivier Fric d’avoirs à l’étranger, y compris par le truchement de structures juridiques off shore, est susceptible d’être constitutive de faits de blanchiment de fraude fiscale », ajoute Tracfin. Lire la suite.

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