Affaire Areva-Uramin : Swala, un exploitant d’or au cœur des opérations

Jeudi 11 février 2016

Enquête

Affaire Areva-Uramin : Swala, un exploitant d’or au cœur des opérations

Par Emmanuel Fansten — 10 février 2016 à 20:31

L’enquête montre que plusieurs actionnaires d’Uramin sont financièrement liés au responsable d’Areva à l’origine du rachat douteux.

Daniel Wouters, 62 ans, est le personnage clé de l’affaire Uramin. Recruté en 2006 par Areva pour piloter le rachat de la société minière, l’ancien banquier belge ne se voit pas seulement reprocher d’avoir dissimulé des informations au conseil de surveillance et à l’Etat (lire page 2). Il est désormais suspecté d’avoir profité financièrement de la transaction.

Selon nos informations, des documents saisis lors d’une perquisition à son domicile prouvent que Daniel Wouters serait lié financièrement à certains actionnaires d’Uramin. Cette connexion passerait par la société Swala (anciennement Arc Mining), fondée en 2003 par Daniel Wouters. Spécialisée dans l’exploration de mines d’or, la structure basée au Luxembourg possède des permis au Gabon, au Burkina Faso, au Mozambique et en république démocratique du Congo. Les policiers de la Brigade financière ont découvert que, parmi les actionnaires de Swala, figurent deux sociétés au nom exotique : Jayvee & Co CBIC Mellon Global Securities Services Co et WB Nominee Limited. La première est détenue par un certain James Mellon. Et la seconde, selon les enquêteurs, est « susceptible d’appartenir à Stephen Dattels ».

Rétribution.

James Mellon et Stephen Dattels sont deux des principaux actionnaires d’Uramin, cette coquille vide vendue 1,8 milliard d’euros à Areva. Rappelons que dans ce dossier, Mellon et Dattels négociaient directement avec Daniel Wouters. Au-delà des soupçons de conflit d’intérêt, leur présence dans l’actionnariat de Swala soulève de nombreuses questions. Depuis quand les trois hommes se connaissaient-ils ? Daniel Wouters a-t-il sciemment dupé Areva en échange d’une rétribution ? Et sinon, pour quelle raison Mellon et Dattels ont-ils investi dans Swala ? L’intéressé devra très certainement s’en expliquer devant les juges d’instruction.

Depuis des années, le profil de Wouters ne cesse d’intriguer. En dehors de ses activités financières, l’homme a été conseiller juridique du président ivoirien Houphouët-Boigny, au début des années 80. Vingt ans plus tard, son embauche chez Areva serait le « secret le mieux gardé de l’affaire Uramin », de l’aveu même de ses anciens actionnaires. Passé par la banque Belgolaise (devenue Fortis), un établissement à la réputation contrastée et spécialisé dans les matières premières en Afrique, Wouters est un financier pur qui ne connaît rien à l’uranium. En 2006, il entend parler du poste à pourvoir chez Areva par un vieil ami apporteur d’affaires pour Fortis. C’est Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, qui transmettra son CV (lire page 6). Lire la suite.

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