Washington traque le butin genevois des Karimov

Samedi 20 février 2016

Washington traque le butin genevois des Karimov

Banques et argent sale La justice américaine dépose deux plaintes destinées à saisir un demi-milliard de dollars déposés à la banque Lombard Odier. Ces fonds seraient issus de pots-de-vin versés en Ouzbékistan.

A la suite des enquêteurs fédéraux suisses et de l’escouade de magistrats qui, de Stockholm à Paris retracent la comptabilité de la flamboyante madame Karimova, Washington déboule dans l’une des plus importantes affaires de blanchiment jamais instruite en Suisse.

Le Department of Justice (DoJ) continue de traquer les commissions hors norme – plus de 800 millions de francs – qu’aurait exigé la fille du chef de l’Etat ouzbek entre 2004 et 2013, en échange de l’ouverture de la téléphonie mobile du pays à trois multinationales : le suédois TeliaSonera et les russes Vimpelcom et MTS. Cette fois, la justice américaine vise plus d’un demi-milliard de dollars « issus de la corruption » qui étaient, fin 2010 en dépôt sur des comptes numérotés chez Lombard Odier et, dans une bien moindre mesure, Union Bancaire Privée (UBP). Au nom de la loi américaine contre les régimes kleptocrates. Et parce que des fonds ont transité par New York.

Des comptes dont Gulnara Karimova serait la bénéficiaire, cachée par un entrelac de sociétés « offshore ». Washington ne vise cependant jamais nommément l’aînée de l’ancien apparatchik qui règne sur le petit pays d’Asie centrale depuis la fin de l’URSS. Elle est simplement « l’officiel gouvernemental A » dans les deux plaintes civiles déposées jeudi.

[…] La justice américaine relate par le détail le circuit de la corruption supposée. Cas d’école ? Un pot-de-vin versé en février 2011, par Vimpelcom. La société russe, dont le siège est à Amsterdam, transfert 10 millions de dollars en quatorze fois – afin de rester sous les écrans radars. L’argent finit chez Lombard Odier, sur un compte ouvert dès 2008 au nom de Takilant, société écran appartenant à une jeune confidente de Gulnara, Mademoiselle Avakyan. Celle-ci serait aujourd’hui condamnée au silence, dans une geôle ouzbek. A l’époque, les versements sont camouflés sous forme de « paiements bidons au profit de sociétés ouzbeks factices, sans aucun service en retour », selon les enquêteurs américains.

A lui seul, Vimpelcom aura versé, entre 2006 et 2012, 134 millions qui ont fini chez Lombard Odier. Le sixième plus important groupe de téléphonie au monde, a mis fin hier aux poursuites le visant aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, en acceptant de payer une amende de 835 millions de francs. C’est la deuxième plus importante pénalité pour corruption prononcée, après celle contre Siemens en 2008. Lire la suite.

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