Petit espoir de règlement pour la dette argentine

Mercredi 24 février 2016

Saga

Petit espoir de règlement pour la dette argentine

Par Vittorio De Filippis — 22 février 2016 à 19:27

Pour Buenos Aires, la justice américaine a envoyé un signal encourageant qui pourrait lui rouvrir la porte des marchés financiers internationaux.

[…] 2001, première étape

Nous sommes le 23 décembre 2001, à la veille de Noël. Voici des mois que les marchés et observateurs avisés avaient compris que l’Argentine était au bord de l’abîme, en raison d’une longue récession (trois ans), d’un fort déficit budgétaire, d’une parité peso-dollar en chute libre et de programmes d’ajustements aussi absurdes que néfastes. Des restrictions aux retraits bancaires ont mis le feu aux poudres, des manifestants assaillent le palais présidentiel. Et cette crise qui gangrène l’Argentine finit par affecter la valeur des bons du Trésor émis à l’étranger. Plus la situation interne se crispe, plus la valeur des obligations déjà émises s’effondre et plus il devient quasiment impossible à l’Argentine d’émettre de nouveaux bons, sauf à payer des taux d’intérêt prohibitifs. Le système est à bout de souffle.

En moins de vingt-quatre heures, le gouvernement de l’époque décide de faire défaut sur une centaine de milliards de dollars de dette externe portée par des investisseurs étrangers de toutes sortes. Banque mondiale et FMI seront épargnés par cette décision. Mais durant les quatre années qui vont suivre, l’Argentine n’aura de cesse de chercher un accord en vue de restructurer (de diminuer) la valeur de cette dette en défaut. Il s’agit donc de proposer une décote aux porteurs de bons du Trésor argentin. Début 2005, 92,3% des créanciers étrangers détenteurs d’obligations souveraines argentines acceptent le principe d’une décote d’environ 70% d’une dette totale de 81 milliards de dollars. C’est à prendre ou à laisser…

L’arrivée des fonds vautours

C’est à cette époque qu’entrent en scène les fonds vautours. Ils s’appellent Debt Advisory International, FG Hemisphere, Kensington International, Dart Management… Ou encore Elliott Management et Aurelius. Ces francs tireurs de la finance, le monde en compterait une cinquantaine. Une vingtaine est recensée aux Etats-Unis. Bien cachés dans l’Etat du Delaware, ce trou noir de la finance dans lequel les multinationales championnes de l’optimisation fiscale se soustraient à l’impôt. Les autres fonds spéculatifs se matérialisent souvent par de belles plaques dorées aux pieds d’immeubles situés dans les paradis fiscaux des îles Vierges britanniques, des lieux garantissant (aujourd’hui encore) l’anonymat des actionnaires.

Leur stratégie ? Toujours la même, attendre en embuscade pour ensuite négocier. Avec qui ? Pas avec les Etats en mal de recettes financières pour honorer leur dette externe. Mais plutôt avec les investisseurs étrangers porteurs d’obligations argentines, par exemple, et qui ont décidé de dire non aux propositions de restructurations la dette. Ce qui fut le cas dès 2005 lors des premières tractations. Ils représentent environ 7,5% des créanciers. Ces récalcitrants cèdent aux avances des fonds vautours qui leurs proposent de racheter leurs dettes en souffrance. Mais tout de suite et à prix cassé. Et ça marche. Lire la suite sur le site du journal Libération.

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