Vol de tableaux : la belle-fille de Picasso a la mémoire qui flanche

Samedi 19 mars 2016

Vol de tableaux : la belle-fille de Picasso a la mémoire qui flanche

Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline Picasso, a porté plainte en 2015 pour le vol de tableaux du maître. Mais elle s’emmêle aujourd’hui les pinceaux.

Par Ian Hamel Publié le 18/03/2016 à 13:23 | Le Point.fr

Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline Picasso, a porté plainte en 2015 pour le vol de tableaux du maître. Mais elle s’emmêle aujourd’hui les pinceaux.

En mars 2015, Catherine Hutin-Blay, la fille de Jacqueline, dernière épouse de Picasso, hurle son désespoir : on lui a volé deux gouaches de l’artiste, Tête de femme et Espagnole à l’éventail, ainsi que 58 dessins à l’encre. Et pour ajouter à cet inqualifiable brigandage : figurait dans la liste une « représentation de sa mère ». Le coupable ? Le transporteur suisse d’œuvres d’art Yves Bouvier, créateur des Ports francs de Singapour et du Luxembourg. Ce dernier n’a-t-il pas été mis en examen le mois précédent à Monaco pour « escroquerie » ?

À la suite de la plainte de Catherine Hutin-Blay pour « vol », « recel de vol » et « escroquerie », Yves Bouvier est mis en examen en septembre 2015 à Paris pour « recel ». Il doit verser une caution de 27 millions d’euros. Le transporteur suisse se défend en affirmant que les deux portraits à la gouache et les cinquante-huit dessins à l’encre de Picasso, qu’il a achetés en 2010, ont été payés huit millions de dollars à un trust du Liechtenstein, Nobilo Trust, « présenté comme étant celui de Catherine Hutin-Blay », par l’avocat genevois Michel Abt. En réponse, Anne-Sophie Nardon, l’avocate de Catherine Hutin-Blay, déclare alors que sa cliente « n’est bénéficiaire d’aucun trust » et « ne connaît pas monsieur Bouvier ».

Une mystérieuse fondation étrangère

Le 15 février 2016, Le Point.fr découvre que Catherine Hutin-Blay, qui affirme ne jamais se séparer d’« une représentation de sa mère », a pourtant entreposé aux Ports francs de Genève soixante-dix-neuf œuvres de Pablo Picasso en 2012, dont de nombreuses représentations de sa mère, notamment Jacqueline en costume turc, estimées à 35 millions d’euros. Plus étonnant encore, le transport entre le 92, rue de la rue de Ranelagh - le domicile de Catherine Hutin-Blay - et les bords du lac Léman a été effectué par la société Fine Art Transport, appartenant à… Yves Bouvier. Difficile, dans ces conditions, de continuer à déclarer qu’elle ne connaît pas le transporteur suisse.

Dans un document confidentiel de quatre pages datant du 5 novembre 2015, que Le Point.fr a pu consulter à Paris, Anne-Sophie Nardon est contrainte d’expliquer à la juge d’instruction Isabelle Rich-Flament, en charge du dossier, que la somme de huit millions de dollars « n’a fait que transiter par le compte Nobilo Trust, dont madame Hutin n’est ni titulaire ni bénéficiaire, et a été ensuite transférée en faveur de sa fondation étrangère, ce dont l’administration fiscale française est parfaitement au courant  ». Lire la suite.

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