« Panama Papers » : un pays au service de l’opacité financière

Lundi 4 avril 2016

« Panama Papers » : un pays au service de l’opacité financière

Christian Chavagneux

03/04/2016

Le Panama reste l’un des derniers pays à refuser de participer aux efforts réclamés par le G20 aux paradis fiscaux. Le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) lui assène un coup sur la tête avec la révélation de milliers de fichiers illustrant le comportement opaque de ce petit Etat.

[…] Les informations recueillies mettent en évidence des réseaux financiers impliquant 21 paradis fiscaux (Bahamas, Hong Kong, Singapour, Jersey, Nevada…) au service de clients situés dans plus de 200 pays ayant utilisés 14 000 intermédiaires ! Parmi ces intermédiaires, les banques jouent un rôle clé : selon l’enquête du consortium, cela concerne des grands noms (Deutsche Bank, UBS, Crédit suisse, HSBC, BIL, Société générale…, 511 établissements en tout !) essentiellement par leurs filiales situées au Luxembourg. C’est de là que partent majoritairement les demandes de formation de sociétés écrans et c’est ce pays qui pose problème pour l’Europe. De plus, on apprend que la société d’avocats panaméenne a écrit une partie des lois à Niue ou au Samoa pour pouvoir ajouter de l’opacité à l’opacité grâce à ces territoires.

[…] Il n’est pas étonnant que le Panama soit ainsi mis en cause : c’est l’un des derniers paradis fiscaux à ne pas vouloir avancer vers le changement de pratiques réclamé par le G20 et à souhaiter continuer à offrir des services d’opacités à grande échelle. Il a été rattrapé par l’histoire. Une histoire qui remonte au début du XXe siècle.

Une opacité construite de longue date

Ainsi que le résument bien les experts du Tax Justice Network, avec ses 350 000 sociétés écrans, le Panama arrive en troisième position dans ce business, derrière Hong Kong et les îles Vierges britanniques. On y trouve également des fondations et autres trusts offrant des services d’opacité fiscale. Sans oublier son activité de pavillon de complaisance qui le place en tête dans ce secteur avec 20 % de part de marché de la flotte marchande mondiale.

[…] Une affaire qui justifie les demandes internationales visant à réclamer à chaque pays la mise à disposition de registres publics des sociétés créées est importante. Et qui souligne combien l’efficacité de la lutte contre les paradis fiscaux passe par la remise en cause des intermédiaires, professionnels du droit et du chiffre, qui offrent leur service d’opacité financière. Lire la suite.

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