Bernard Bertossa : « La société offshore, c’est la burqa de la finance »

Samedi 9 avril 2016

Economie

RTS Publié à 18:15 - Modifié à 19:00

Bernard Bertossa : « La société offshore, c’est la burqa de la finance »

Alors que des procédures sont ouvertes à Genève, l’ex-procureur général du canton Bernard Bertossa s’est montré très critique sur les pratiques révélées par les « Panama Papers ».

Invité jeudi dans le cadre de l’émission Forum, l’ancien procureur général de Genève de 1990 à 2002 Bernard Bertossa a qualifié les sociétés offshore de « burqa de la finance ». S’il estime que ce type de société a pour but de cacher, « en tant que telle, elle n’est pas illégale », concède-t-il.

Très actif dans la lutte contre la criminalité financière, notamment via l’Appel de Genève de 1996, le magistrat se montre toutefois sceptique sur l’autocontrôle en vigueur, étant donné que « l’existence même d’une société offshore, son seul but, est de camoufler. »

« Si on se camoufle, c’est que l’on a quelque chose à cacher »

Dès lors, l’existence de cas problématiques ne serait pas une surprise à ses yeux : « On m’explique ou j’entends dire ici où là, notamment par certains avocats, qu’il y a des camouflages qui seraient légaux. Moi je n’en connais pas, mais je ne peux pas exclure qu’ils existent », poursuit Bernard Bertossa.

« En principe, si l’on se camoufle, c’est que l’on a quelque chose à cacher. Et si l’on a quelque chose à cacher, c’est souvent - pour ne pas dire toujours - par rapport à l’autorité qui est en charge de faire respecter la loi. »

« Mieux vaut tard que jamais »

Bernard Bertossa indique encore n’avoir rien appris sur les pratiques révélées par les « Panama Papers ». Mais s’il y a maintenant une prise de conscience, « mieux vaut tard que jamais ».

"Cela fait très longtemps que l’on sait que ces instruments de camouflage - qui sont malheureusement tolérés - [existent] (…) Alors qu’il suffirait de constater la réalité économique, qui est que ces sociétés n’existent pas (…) et que l’on ne peut pas ouvrir des comptes à leur nom, on ne peut pas conclure des contrats à leur nom… Cela permettrait d’éradiquer le problème", conclut-il.

Pour rappel, le Ministère public genevois a ouvert des procédures à la suite du scandale des « Panama Papers ».

jzim

Ecouter l’intervention de Bernard Bertossa sur RTS.

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