Sus à la législation de complaisance

Samedi 16 avril 2016 — Dernier ajout mercredi 1er novembre 2017

Essai

Sus à la législation de complaisance

Les grands États en viennent à jouer le jeu des paradis fiscaux, dit Alain Deneault dans « Une escroquerie légalisée »

16 avril 2016 | Michel Lapierre - Collaborateur | Livres

En coïncidant avec les révélations des Panama Papers, qui ont éclaboussé jusqu’au premier ministre britannique David Cameron, la parution d’Une escroquerie légalisée. Précis sur les « paradis fiscaux », d’Alain Deneault, tombe à pic. « Lorsqu’un hôpital met un an et demi à procéder à une intervention chirurgicale pourtant cruciale, c’est à cause des paradis fiscaux », écrit le chercheur, car l’État se prive ainsi de l’argent qui lui serait vite nécessaire.

[…] À l’expression « paradis fiscal », héritée de l’époque où les puissances occidentales profitaient du laxisme de colonies ou d’anciennes colonies pour y mettre de l’argent à l’abri du fisc, Deneault préfère un terme plus générique : « législation de complaisance ». Les légendaires palmiers des îles lointaines font oublier que dans des lieux moins exotiques, un astucieux système de droit parallèle permet de libérer l’économie d’autres contraintes que l’impôt.

Le chercheur québécois range parmi ces lieux l’État américain du Delaware (paradis des bilans d’entreprise), l’Irlande (celui des droits de propriété intellectuelle), le Liberia (port franc pour l’immatriculation des cargos), la Chine (zone franche dans plusieurs domaines), Singapour (eldorado des paris sportifs) et même le Canada (paradis pour les sociétés minières d’exploration). D’autres pays, comme le Panama, se spécialisent, note-t-il, dans des opérations aussi criminelles que le blanchiment d’argent issu du narcotrafic.

Même chez les pourfendeurs politiques des paradis fiscaux, la présence dans plusieurs de ces lieux du crime pur et simple reste un sujet tabou. Spécialiste français de la lutte contre le blanchiment d’argent, Éric Vernier a malgré tout lancé lors d’un colloque à l’Assemblée nationale de son pays, le 27 mai 2009 : « Le royaume du crime devait être invité au G8, puisque ça en fait la huitième puissance mondiale. » Lire la suite.

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