Côte d’Azur : les villas mal acquises des oligarques ukrainiens

Lundi 25 avril 2016

Côte d’Azur : les villas mal acquises des oligarques ukrainiens

Sans nécessairement passer par le Panama, grâce à des sociétés écran domiciliées à Chypre ou au Luxembourg, ces milliardaires investissent dans de somptueuses villas à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Au grand désarroi des pouvoirs publics français.

L’Obs Publié le 25 avril 2016 à 08h29

Avec une rigueur et une constance remarquables, les oligarques ukrainiens ont pillé leur pays pendant des années. Les aventuriers des années 1990, les faux réformateurs de la Révolution Orange, la « Famille » de Viktor Ianoukovitch, les « Européens » de la Révolution de la Dignité… Ils s’en donnent à cœur joie. Et pour se rendre compte de l’ampleur du pillage, rien ne veut une promenade dans les rues ombragées de Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la Côte d’Azur.

Là-bas, derrière des grilles finement ciselées et des murs imposants, les villas de luxe se dérobent à l’œil du badaud. « On y trouve les prix de l’immobilier les plus élevés au monde », commente Jean-Christophe Thouait, directeur général du groupe immobilier « Michaël Zingraf Real Estate Christie’s ». Les prix peuvent en effet dépasser plus de 200.000 euros au mètre carré. Au-delà des palissades, on devine une piscine, un court de tennis, une voiture rutilante…

[…] De quoi sont faites ces fortunes, cachées derrière leurs vitres teintées ? C’est une question que la municipalité du Cap-Ferrat n’a « pas la possibilité de se poser, que ce soit en termes de prérogative juridique ou de ressources humaines. C’est d’ailleurs un problème général sur la Côte d’Azur », explique le directeur des services Jean-François Ferrucci. Les villas sont rarement achetées sous un nom propre, mais plutôt par des intermédiaires de sociétés offshore.

« Offshore » : c’est le mot magique de l’oligarchie post-soviétique, et ukrainienne en l’occurrence. Les Panama Papers ont récemment révélé que le président Petro Porochenko, soi-disant réformateur, en est friand, depuis plus d’une dizaine d’années. Le recours à des juridictions offshore est une question de sécurité pour des entrepreneurs opérant dans un environnement incertain. C’est aussi un moyen de faire baisser son taux d’imposition. Mais cela sert souvent un besoin plus primaire : faire disparaître des fortunes mal acquises. Lire la suite.

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