L’affaire Petrobras révèle les manquements des banques suisses

Jeudi 25 août 2016

L’affaire Petrobras révèle les manquements des banques suisses

Des milliers de documents officiels rendus publics par les autorités brésiliennes attestent du rôle des banques suisses dans cet immense scandale de corruption. La Finma va ouvrir des enquêtes sur des établissements et le MPC pourrait lui emboîter le pas

Sébastien Dubas Publié mercredi 24 août 2016 à 20:17.

Les employés de la police fédérale se souviendront longtemps du mois de juin 2015. Alors que Berne plonge lentement dans la torpeur d’un été caniculaire, le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) se retrouve assailli de fax et de courriers recommandés.

Les banques suisses, qui ont appris l’arrestation quelques jours plus tôt au Brésil du milliardaire Marcelo Odebrecht, sont prises de panique. Elles dénoncent en bloc tous les comptes et les transactions qui lui sont liés de près ou de loin ainsi qu’à son conglomérat actif dans la construction, qui porte son nom. « Le MROS a reçu près de 80 communications en un seul jour, se remémore une source proche du bureau. Ils n’avaient jamais vu ça avant. »

A ce moment-là, le scandale de corruption Petrobras, qui était jusque-là resté circonscrit à la société pétrolière semi-étatique du même nom, prend une toute nouvelle ampleur. Au Brésil comme en Suisse.

Pendant près de dix ans, des comptes à Genève, à Zurich et au Tessin ont permis de blanchir l’argent que recevaient des politiciens et des dirigeants de l’industrie brésilienne en échange de contrats colossaux. Tous les grands chantiers de ces dernières années sont concernés, selon les médias brésiliens, des stades de la Coupe du monde 2014 aux infrastructures des Jeux olympiques 2016 en passant par le métro de Rio.

[…] Un mécanisme de blanchiment bien rodé

En Suisse, le mécanisme de blanchiment était tout aussi bien huilé. Les fournisseurs soudoyés, qu’ils soient brésiliens ou étrangers, devaient passer par des intermédiaires brésiliens qui leur désignaient des comptes, généralement ouverts aux noms de sociétés de domicile, sur lesquels il leur fallait verser les commissions. L’instruction a déjà permis de démontrer l’implication de plusieurs milliers de sociétés offshore, précise le MPC.

Une fois arrivé sur ces comptes, l’argent était immédiatement redistribué vers trois ou quatre comptes appartenant à des dirigeants de Petrobras, précisent sous couvert d’anonymat des avocats genevois au fait de l’affaire.

Selon eux, les banques pouvaient difficilement ignorer l’origine problématique de ces fonds. Lire la suite.

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