En Irlande, le PDG d’Apple divise pour mieux optimiser

Vendredi 2 septembre 2016

En Irlande, le PDG d’Apple divise pour mieux optimiser

Par Christophe Alix — 1 septembre 2016 à 20:31

La décision de la Commission européenne d’imposer à Apple le remboursement de 13 milliards d’euros au fisc irlandais ne passe pas aussi mal dans l’île que son PDG, Tim Cook, le souhaiterait. Dans une interview au Irish Independent, ce dernier tire à boulets rouges sur une « foutaise politique absolue » et cherche à faire de l’Irlande son allié dans son offensive anti-UE, alors que la question divise le gouvernement. Difficile d’expliquer aux Irlandais marqués par des années d’austérité que le cadeau fiscal accordé à l’entreprise la plus riche au monde ne doit pas être remboursé. Un cadeau dont le montant représente 23 % du budget.

Lors de l’annonce du redressement, mardi, l’Irlande avait, par la voix du ministre des Finances, Michael Noonan, condamné cette décision de nature à ternir son image de paradis fiscal. Mais la ligne défendue par Noonan fait débat. Le gouvernement a décidé de reporter sa décision de faire appel à ce vendredi pour « réfléchir aux problèmes et clarifier un certain nombre de questions juridiques et techniques ». Mais le blocage est bien politique. Fermement campé dans l’opposition de gauche, le Sinn Féin a appelé l’exécutif à accepter la décision de l’UE. De quoi mettre la pression sur l’Alliance indépendante, groupe de cinq parlementaires qui soutient la fragile coalition de centre droit et centre gauche.

[…] La pression pourrait aussi s’accroître alors que de nombreuses voix se sont élevées dans la société pour remettre en cause l’attitude de Noonan. « Peut-il vraiment prétendre qu’il n’y a aucun problème à faire une croix sur un ticket gagnant de Loto à 13 milliards d’euros ? » résume un édito. D’autres invitent à la modération, mettant en garde contre la perspective d’un « super bonus » dont le bénéfice irait au contribuable. Comme le précise l’UE, le montant récupéré pourrait être placé sur un compte de garantie bloqué en attendant l’issue de la procédure.

[…] Selon des observateurs américains, la virulence d’Apple s’explique par le fait que « Bruxelles essaie de briser la concurrence entre les systèmes fiscaux dont ont tant profité les multinationales. Cela pourrait créer un nouveau minimum d’imposition qu’elles feront tout pour empêcher ». Lire la suite.

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