Guinée équatoriale : ces Suisses qui ont géré l’argent mal acquis du fils Obiang

Mardi 6 septembre 2016

Enquête

Guinée équatoriale : ces Suisses qui ont géré l’argent mal acquis du fils Obiang

Par Marie Parvex

LE TEMPS.CH Le 05.09.2016 à 15h30 • Mis à jour le 05.09.2016 à 15h50

Teodorin Obiang a tellement de voitures de luxe qu’il choisit son véhicule en fonction de la couleur de ses vêtements. « Je porte des chaussures bleues, alors sors ma Rolls bleue », aurait-il lancé un jour à son chauffeur à Malibu. Le fils du président de Guinée équatoriale possède de l’immobilier aux Etats-Unis évalué à quelque 100 millions de dollars (89,6 millions d’euros), au Brésil pour près de 120 millions de dollars et un hôtel particulier à Paris pour quelque 30 millions d’euros, sans compter le coût des rénovations pour en faire un triplex avec discothèque et sauna.

Cette fortune, issue de commissions versées par des compagnies pétrolières et de taxes gouvernementales sur les exportations, transite en partie par la Suisse puisque l’immeuble parisien de Teodorin Obiang appartient à cinq sociétés suisses. Et pourtant, alors que la France s’apprête à juger Teodorin Obiang, que les Etats-Unis ont déjà ouvert plusieurs enquêtes, le ministère public de la Confédération helvétique n’a pas ouvert de procédure et refuse de s’en expliquer.

Un hôtel particulier parisien à 25 millions d’euros

« Il y a tout ce qu’il faut comme éléments dans le dossier pour déclencher une enquête, mais ce n’est pas la première fois que les autorités judiciaires suisses font preuve d’une certaine passivité », estime William Bourdon, avocat de Transparency International, l’association qui a porté plainte contre Teodorin Obiang en France et a déclenché l’enquête qui vient d’être bouclée à Paris en mai. Seul le ministère public genevois se demande encore s’il y a matière à procédure. Il a ouvert une enquête préliminaire mais ne communique pas à ce sujet.

L’enquête du Temps montre comment, en Suisse, on accepte l’argent d’un dirigeant d’un pays réputé extrêmement corrompu, où le président vient d’être réélu avec un score soviétique et où son fils Teodorin, déjà nommé vice-président de la République, est promis à sa succession. Les administrateurs suisses savaient qu’ils travaillaient pour Teodorin Obiang et que son argent venait directement de comptes en Guinée équatoriale.

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