La justice suisse enquête sur un potentat africain

Mardi 18 octobre 2016

La justice suisse enquête sur un potentat africain

Corruption Le vice-président de Guinée équatoriale aurait placé de l’argent en Suisse. Ses avions se posent souvent à Genève.

La justice suisse a exécuté une demande d’entraide des autorités françaises à propos du fils du dictateur de Guinée équatoriale, qui doit être jugé sous peu dans l’Hexagone pour blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et de corruption. De son côté, le Ministère public genevois a ouvert une enquête préliminaire sur cette même personne.

Teodorin Obiang a été nommé à la vice-présidence de ce petit Etat hispanophone en juin. Le régime dirigé par son père depuis 1979 figure parmi les cinq les plus autoritaires au monde, selon le Democracy Index de l’Economist Intelligence Unit. Teodorin Obiang est réputé pour son goût immodéré du luxe – des voitures italiennes aux valises en peau de crocodile –, ses cheveux lissés en arrière et sa vie de débauche.

Comptes en Suisse ?

Une partie de sa fortune, qui se chiffrerait en centaines de millions de dollars, aurait transité par la Suisse. Elle serait en partie issue de commissions illicites versées par des compagnies pétrolières. La Guinée équatoriale figure parmi les principaux pays producteurs de brut du continent noir.

Les premiers liens entre le politicien africain et la Suisse dateraient de 2004, quand il a acheté des sociétés helvétiques propriétaires de cinq appartements dans un immeuble à Paris. Selon un avocat genevois cité dans Le Temps, les fonds auraient été licites, ce qui a permis la vente. Des enquêtes américaines ont pourtant montré à la même époque à quel point le régime de Malabo – le père de Teodorin dirige le pays depuis 1979 – était corrompu.

Des banques suisses ont-elles été utilisées dans ce cadre ? Selon un réquisitoire soumis au Parquet hexagonal en mai, « près de 110 millions d’euros provenant du Trésor public équatorien sont venus créditer le compte personnel de Teodorin avant, pour partie, d’alimenter les comptes bancaires de sociétés suisses ». L’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) ne se prononce de son côté « ni sur les éventuels clients bancaires ni sur les éventuelles clarifications ou procédures », selon son porte-parole.

Très présent à Cointrin

Genève, Teodorin Obiang connaît bien. Des avions lui appartenant ont atterri à quatorze reprises à Cointrin depuis avril dernier, selon GVA Dictator Alert, un compte Twitter créé notamment par un journaliste de l’agence vesper.media, François Pilet. Lire la suite.

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