Evasion fiscale : les coups de frein du président Juncker

Mardi 3 janvier 2017

économie Evasion fiscale : les coups de frein du président Juncker

Selon des notes diplomatiques allemandes, l’actuel président de la Commission européenne aurait bloqué de 1995 à 2013, comme premier ministre du Luxembourg, les réformes luttant contre l’évasion fiscale des multinationales.

03/01/2017 à 05:00 , actualisé hier à 00:03

Selon une enquête du journal britannique The Guardian et du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) basée sur des notes diplomatiques allemandes, Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission européenne, aurait freiné la lutte contre l’évasion fiscale des multinationales alors qu’il était premier ministre du Luxembourg (1995-2013). Il aurait bloqué ou ralenti les travaux du groupe Primarolo, créé en 1998 par le conseil de l’Europe, pour endiguer le phénomène. En plein appel du procès LuxLeaks, qui porte précisément sur les avantages fiscaux offerts aux grands groupes par le Grand-Duché, et alors que les échanges automatiques d’informations fiscales sont entrés en vigueur dimanche 1er janvier, ces révélations tombent mal pour un Juncker sous pression.

« Un discours public de transparence »

« C’est Docteur Jekyll et Mister Hyde. Il porte, comme le Luxembourg, un discours public de transparence, de réforme de la fiscalité et, en privé, redevient l’homme des multinationales », analyse le Lorrain Denis Robert, auteur, réalisateur et journaliste, un des premiers à dénoncer le rôle du paradis fiscal luxembourgeois dans les opérations de blanchiment. Comme d’autres, il se rappelle comment le petit Luxembourg (543 000 habitants), exsangue industriellement, est devenu en trois décennies une place forte de l’industrie bancaire mondiale. Le député belge Philippe Lamberts (Écolo/Les Verts) est en pointe sur la lutte contre l’évasion fiscale en Europe. « Ces révélations sont une clarification. Qui peut croire que celui qui a été pendant 25 ans ministre des Finances, de l’Économie puis premier ministre du Luxembourg, peut ignorer par quels moyens un micro-pays agricole et industriel est devenu un tel paradis fiscal ? Avec l’Autriche, le Grand-Duché a traîné les pieds sur la levée du secret bancaire et Juncker, à Bruxelles, a fait le strict minimum ».

Primarolo ralenti en coulisses ?

Son successeur au poste de premier ministre, Xavier Bettel, serait sur la même ligne schizophrène Lire la suite.

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