Le groupe Bolloré, qui attaquait le site Bastamag, à nouveau débouté

Lundi 13 février 2017

Le groupe Bolloré, qui attaquait le site Bastamag, à nouveau débouté

AFP , publié le 09 février 2017 à 18h07

Le groupe Bolloré, qui attaquait en diffamation le site Bastamag pour un article sur les rachats massifs de terres en Afrique par des multinationales, a été débouté jeudi par la cour d’appel de Paris.

La cour d’appel a retenu l’argument de la « bonne foi », comme le tribunal de première instance, qui avait prononcé une relaxe générale : étaient poursuivis le site d’information, qui se décrit comme un média « engagé » en matière sociale et environnementale, mais aussi le cofondateur du site « Rue89 », Pierre Haski, une journaliste retraitée spécialiste du développement durable, ainsi qu’un ancien instituteur et un ébéniste.

La cour d’appel de Paris « confirme le jugement du 14 avril 2016 en ce qu’il a débouté la société Bolloré de l’ensemble de ses demandes », dans une décision consultée par l’AFP.

« C’est une victoire importante pour la liberté de la presse, pour les ONG qui travaillent sur l’accaparement des terres. Nous allons continuer à enquêter sur les pratiques des multinationales », a déclaré à l’AFP Ivan du Roy, rédacteur en chef de Bastamag.

L’objet du litige était un article de Bastamag, paru en octobre 2012 et intitulé « Bolloré, Crédit agricole, Louis Dreyfus : ces groupes français, champions de l’accaparement de terres », surtitré « Pillage ? », partagé sous différentes formes par les personnes poursuivies.

Le texte s’interrogeait sur l’apparition d’un « néocolonialisme », avec les achats de terres de multinationales ou de certains fonds en Afrique et Asie, et sur les conséquences sociales et écologiques du phénomène.

L’avocat de l’entrepreneur Vincent Bolloré, Me Olivier Baratelli, avait dénoncé en décembre un « travail de cochon », soulignant que l’auteure de l’article, Nadia Djabali, n’avait même pas contacté le groupe pour avoir une réaction. Sur ce point, la cour d’appel a relevé que le point de vue du groupe étant largement relayé dans les travaux des ONG citées par Bastamag, il n’apparaissait pas nécessaire de solliciter à nouveau sa réaction.

A l’audience, des responsables et journalistes de Bastamag avaient relevé que le groupe Bolloré attaquait régulièrement les médias abordant ces sujets, dénonçant « une sorte d’acharnement » et relevant notamment des poursuites contre France Télévisions, en France et au Cameroun, pour la diffusion d’une émission qui lui était consacrée.

Le groupe français Bolloré figure parmi les 500 plus grandes compagnies mondiales, présent dans trois activités majeures : le transport et la logistique, la communication (Canal+), les solutions de stockage d’électricité. En 2015, il revendiquait plus de 58.000 collaborateurs dans le monde et affichait un chiffre d’affaires de 10,8 milliards d’euros.

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