En France, un cador de l’antiblanchiment à la tête de l’anticorruption

Mardi 11 avril 2017

En France, un cador de l’antiblanchiment à la tête de l’anticorruption

Rattachée aux ministères des finances et de la justice, l’Agence française anticorruption sera dirigée par Charles Duchaine, un magistrat qui a consacré sa carrière à la lutte contre la criminalité organisée.

M le magazine du Monde | 04.04.2017 à 10h10

L’actualité offre parfois de curieux carambolages. Le 23 mars, l’Agence française anticorruption (AFA), qui ouvrira ses portes en mai, a été inaugurée par François Hollande. Soit deux jours seulement après la démission de Bruno Le Roux, le ministre de l’intérieur accusé d’avoir employé ses filles, alors lycéennes, comme assistantes parlementaires. Le président de la République a saisi l’occasion pour venir en personne présenter cette agence au côté du magistrat Charles Duchaine, qu’il vient de nommer directeur pour six ans. « La corruption est bien plus qu’un délit, c’est une menace contre la démocratie », a lancé le président. Et d’ajouter : « La République exemplaire, ce n’est pas un pari sur l’infaillibilité humaine, il y aura toujours des défaillances individuelles. C’est s’assurer que les fautes, les manquements, les faiblesses seront identifiés, révélés, sanctionnés. »

Créée par la loi Sapin 2, l’AFA remplace le service central de prévention de la corruption. Rattachée aux ministères des finances et de la justice, cette agence constitue le troisième volet du « triptyque » anticorruption, instauré il y a cinq ans avec la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique puis celle du Parquet national financier. Son but ? « Intervenir auprès des administrations, des collectivités locales et des entreprises pour prévenir et détecter les faits de corruption », a énuméré François Hollande.

[…] Charles Duchaine. Ce magistrat, réputé pour sa détermination, a consacré sa carrière à la lutte contre la corruption et la criminalité organisée. Juge d’instruction pendant vingt-cinq ans, dont dix à la JIRS de Marseille (juridiction spécialisée), Charles Duchaine a imaginé, dès ses débuts en 1990 à Aurillac, un système de sanctions économiques à l’égard des délinquants financiers, des exécutants et barons du grand banditisme, des élus corrompus. « Quasiment toutes les infractions sont destinées à générer des profits. J’ai donc toujours essayé, là où il y avait eu un véritable enrichissement, de le récupérer. C’est pour moi une mesure de réparation », suggère ce pragmatique né dans le Limousin.

« Le juge Duchaine », comme l’appellent certains, s’est fait connaître en mettant en examen le sénateur PS Jean-Noël Guérini dans l’affaire des marchés truqués des Bouches-du-Rhône et en s’attelant à la première enquête pour blanchiment d’argent sur le Rocher monégasque. Des dossiers qu’il a menés à terme, malgré les tentatives d’intimidation et les menaces qui lui ont valu, pendant deux ans, d’être protégé par des gardes du corps. « Quand on exerce ce métier avec un peu de détermination et d’engagement, on se fait des ennemis. Aussi bien dans la maison qu’à l’extérieur, d’ailleurs », concède-t-il. Lire la suite.

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