Bill Pallot : la chute du roi des faussaires

Dimanche 30 avril 2017

Bill Pallot : la chute du roi des faussaires

Paris Match| Publié le 29/04/2017 à 06h15 Jacques Duplessy

Il connaissait mieux que personne le style XVIIIe. Une culture qui a permis à l’expert Bill Pallot de vendre à Versailles de faux sièges de Marie-Antoinette

Faites comme tout le monde, appelez-moi “le Père La Chaise” », dit-il en souriant. Il n’y a pas si longtemps, Bill Pallot était l’expert incontesté des sièges XVIIIe, titre qu’il affiche encore sur ses cartes de visite. Mais le Père La Chaise, du nom du confesseur de Louis XIV, est tombé de son trône. Son 14 juillet ? Le 7 juin 2016, jour où il est placé en garde à vue. Il arrive à la maison d’arrêt d’Osny dans son habituel costume trois-pièces. « Hé, M’sieur, on vous a serré à la sortie d’un mariage ? » s’étonne un détenu. Bill Pallot a avoué avoir fait fabriquer des faux, dont certains ont terminé au château de Versailles. Il va pouvoir enquêter sur le mobilier… des cellules. Il y fera quatre mois de préventive. « J’ai décidé de vivre ça comme une expérience. J’ai choisi de tout faire, promenade, atelier. J’ai rencontré un genre de personnes que je n’avais jamais croisées de ma vie. » Bill Pallot a de l’humour. C’est utile, dans son cas. Presque autant que les connaissances. « Il est le Bernard Madoff de l’art ; Madoff aussi a été le numéro un dans son métier », déclare un expert.

[…] Pallot n’est pas le seul à avoir à faire avec la justice. En avril 2014, un antiquaire se présente à l’OCBC pour dénoncer son confrère Jean Lupu. Les investigations vont confirmer que celui-ci vend des meubles sans en mentionner les transformations. Une nouvelle filière est mise au jour, selon le dossier d’instruction que Paris Match a pu consulter. La maison Keller, à Zurich, a ainsi procédé à des ventes, en toute connaissance de cause. L’antiquaire vend 200 000 euros, chez Europ Auction Paris, une commode marine XVIIIe, et 320 000 euros, à la société Lotus basée à Hongkong, une commode estampillée Delorme. Des meubles, authentiquement XXe, fabriqués par les salariés de la maison Lupu ou sous-traités. Quatorze personnes sont mises en examen. Les policiers estiment le montant des escroqueries, pour la période non prescrite, à 12 millions d’euros au minimum ! De l’argent blanchi au travers de plusieurs sociétés, souvent offshore : Antiquités Jean Lupu, Tradeart, Abarian Holding SA et Colutea Corp. Lire la suite.

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