Affaire Sonatrach : ce compte en Suisse que la justice algérienne n’avait pas vu

Dimanche 14 mai 2017

Enquête

Affaire Sonatrach : ce compte en Suisse que la justice algérienne n’avait pas vu

Selon les « Panama Papers », Mohamed Reda Meziane, le fils de l’ancien PDG de la compagnie pétrolière, cachait de l’argent en Suisse.

Par Lyas Hallas (contributeur Le Monde Afrique, Alger)

LE MONDE Le 14.05.2017 à 18h42

Si le procès de l’affaire dite « Sonatrach I », qui s’est déroulé de décembre 2015 à février 2016 au tribunal criminel d’Alger, n’a pas fait toute la lumière autour de l’un des accusés, Mohamed Reda Meziane, de nouvelles informations viennent éclairer les zones d’ombre qui subsistaient sur le patrimoine financier du fils de Mohamed Meziane, l’ancien PDG de l’entreprise pétrolière publique algérienne.

Cet homme de 45 ans avait été condamné à six ans de prison ferme – purgés en détention préventive – et à une amende de 2 millions de dinars (environ 16 700 euros) pour corruption et blanchiment d’argent, mais l’instruction n’était pas parvenue à recenser l’ensemble des biens et de l’argent présumés mal acquis par les inculpés. Or, d’après des documents obtenus dans le cadre du projet « Panama Papers », il apparaît que Mohamed Reda Meziane a pu cacher au moins un compte en Suisse à la police judiciaire et aux magistrats instructeurs.

Les faits remontent aux années 2000, quand l’embellie financière engendrée par la flambée des prix du pétrole avait permis à l’Etat algérien de lancer d’importants programmes d’investissements publics, donnant lieu à des faits de corruption. Cette affaire et, plus tard, l’enquête « Sonatrach II » ouverte à Milan, en Italie, avaient révélé une partie du système mis en place par des responsables du ministère algérien de l’énergie et par le management de Sonatrach pour capter des commissions sur les contrats engageant la compagnie nationale.

Une coquille vide aux îles Vierges britanniques

Lors de son audition par le juge d’instruction, Mohamed Reda Meziane avait déclaré qu’il disposait, à Paris, de trois comptes dans trois banques différentes (Barclays, Crédit lyonnais et Crédit agricole) et qu’il avait cédé son appartement parisien à ses deux enfants nés d’un premier mariage avec une Française. Mais des documents obtenus dans le cadre du projet « Panama Papers », mené par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) avec plus de 100 rédactions (dont Le Monde), montrent qu’en décembre 2008, M. Meziane avait ouvert un autre compte, dans une agence genevoise de Crédit suisse cette fois-ci, par le biais de la société fiduciaire Junod, Muhlstein, Lévy & Puder (JMLP). Dans les livres de Crédit suisse, le fichier d’information clients de Mohamed Reda Meziane est répertorié sous le numéro 153729. Lire la suite.

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