« Panama papers » : le business offshore de l’Algérien Ali Haddad et de ses partenaires turcs

Mercredi 17 mai 2017

Enquête

« Panama papers » : le business offshore de l’Algérien Ali Haddad et de ses partenaires turcs

Les archives du cabinet Mossak Fonseca révèlent que le patron des patrons algériens est le bénéficiaire d’une compagnie immatriculée aux îles Vierges britanniques.

Par Lyas Hallas (contributeur Le Monde Afrique, Alger)

Qui ne connaît pas Ali Haddad, PDG du groupe algérien ETRHB Haddad et président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), le patronat algérien ? L’homme de 52 ans, incontournable en Algérie au point qu’Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle française, l’a rencontré le 14 février lors de sa visite dans le pays, est dans les petits papiers du président, Abdelaziz Bouteflika… mais également dans les « Panama papers », ces fichiers provenant des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore.

Selon les documents et courriels obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sur lesquels ont travaillé plus de 100 rédactions (dont Le Monde), Ali Haddad apparaît comme le bénéficiaire économique d’une compagnie enregistrée par Mossack Fonseca en novembre 2004 aux îles Vierges britanniques. Kingston Overseas Group Corporation (KOGC) est administrée par son fondé de pouvoir, Guy Feite, un Français établi au Luxembourg, qui gère par ailleurs une société offshore au Panama pour le compte d’Abdeslam Bouchouareb, le ministre algérien de l’industrie et des mines. Sollicités à plusieurs reprises, ni Ali Haddad ni Guy Feite n’ont souhaité répondre aux questions du Monde.

Coquille vide

KOGC dispose d’un compte ouvert dans une agence de la banque HSBC située dans le luxueux quartier de Knightsbridge, dans le centre de Londres. Selon les documents en notre possession, le revenu déclaré au titre de l’année précédant l’ouverture du compte, en février 2008, était de 67 000 livres sterling (environ 88 000 euros à l’époque) et le revenu prévu pour les douze mois suivant l’ouverture du compte était de 2,43 millions de livres sterling. Avant l’ouverture de ce compte, une autre compagnie gérée par Guy Feite, Campbell Management Inc., a été désignée pour administrer KOGC.

Spécialisée, selon ses statuts, dans les investissements immobiliers, KOGC est elle-même, depuis janvier 2005, l’administratrice d’une autre compagnie offshore, panaméenne celle-là, également fournie par Mossack Fonseca à Guy Feite : Markham Financial Services Corp. Cette dernière est, depuis le 23 avril 2009, associée dans une autre coquille vide domiciliée au Nevada, aux Etats-Unis : Marbury International Business Group LLC. Le montage est parfait et le nom du patron du groupe ETRHB Haddad n’est apparu qu’à l’occasion d’un inventaire réalisé par Mossack Fonseca, qui a contraint Guy Feite à communiquer dans un courriel datant du 13 avril 2010 les noms des bénéficiaires économiques de quelque 70 compagnies administrées par sa société, la Compagnie d’étude et de conseil (CEC). CEC a alors informé son fournisseur de compagnies offshore qu’Ali Haddad était le bénéficiaire économique de KOGC. Lire la suite.

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