Credit Suisse face à un vote de confiance

Jeudi 18 mai 2017

Credit Suisse face à un vote de confiance

Banque Les actionnaires doivent voter jeudi lors d’une assemblée extraordinaire l’augmentation de capital de Credit Suisse.

Mis à jour à 05h47

Credit Suisse soumet ce jeudi au vote des actionnaires l’augmentation de capital, après l’abandon du plan d’entrée en Bourse partielle de son unité helvétique. Le revirement a mis fin aux tergiversations de la grande banque mais laissé des traces sur sa crédibilité.

« L’annonce lors du plan stratégique de 2015 d’une petite augmentation de capital, doublée de la cession de la banque commerciale suisse pour combler le reste, était du bricolage », soutient Loïc Bhend, analyste chez Bordier & Cie. Dans ce contexte, la décision d’y renoncer est positive, même si excessivement tardive, selon lui.

En octobre 2015, le numéro deux bancaire helvétique a annoncé son projet de cession d’une participation (IPO) de 20 à 30% de Credit Suisse (Suisse) pour consolider son bilan. En avril 2017, le voilà convaincu que « conserver 100% des parts de la banque suisse tout en levant du capital constitue la meilleure façon de procéder et débouchera sur une création de valeur significative pour les actionnaires à long terme ».

Trois semaines à peine après une assemblée générale mouvementée, les actionnaires sont donc à nouveau convoqués à Zurich-Oerlikon pour une assemblée extraordinaire. La Fondation Ethos, elle s’étonne d’ailleurs encore de ce calendrier.

Information cruciale

« Nous sommes surpris par les changements récurrents d’avis du conseil d’administration », affirme le directeur de la fondation genevoise Vincent Kaufmann. « L’annonce de l’abandon de l’IPO est intervenue deux jours avant l’assemblée générale ordinaire, alors qu’il s’agit d’une information cruciale qui aurait pu influencer les votes ».

Ce que la Fondation Ethos n’a d’ailleurs pas manqué de reprocher en plénière le 28 avril au président de Credit Suisse, Urs Rohner. « Au départ, l’IPO était présentée comme une pierre angulaire de la nouvelle stratégie. Comment faire confiance au conseil d’administration ? », s’interroge aujourd’hui Vincent Kaufmann.

A titre d’investisseur institutionnel, Ethos aurait préféré l’IPO de l’unité commerciale helvétique. « Une opportunité intéressante d’investir dans une banque suisse, sans les risques de la banque américaine », explique le directeur. Une autre option, selon lui, aurait été la vente de la banque d’investissement américaine gourmande en capital.

Devant le fait accompli, la fondation genevoise recommande « du bout des lèvres » d’approuver l’augmentation ordinaire pour les actionnaires existants. « C’est le moyen le plus facile et le plus rapide pour lever du capital et le besoin est urgent », juge son représentant.

Pressions

Si les investisseurs ont initialement salué le projet d’IPO partielle, les doutes se sont accumulés au début de l’année. Nouveau contexte, trop complexe, recherche de plus-value à long terme, pression des gros actionnaires tels que Harris Associates et le Qatar, idée inédite, cauchemar logistique : les arguments défavorables se sont multipliés.

Pour Loïc Bhend, la volonté de conserver un actif rémunérateur pour le groupe reste le facteur déterminant. Il voit aussi l’influence de l’augmentation de capital de Deutsche Bank - qui « laissait Credit Suisse tout seul en queue de peloton des ratios de solvabilité des banques d’affaires européennes ».

A cela s’ajoutent la remontée du cours de l’action Credit Suisse et un environnement globalement plus constructif à l’égard du secteur bancaire, selon l’analyste.

Dernière étape

La nouvelle augmentation de capital doit servir à financier la mise en œuvre de la stratégie du groupe mais aussi à répondre aux exigences réglementaires en matière de fonds propres. Surtout, elle doit constituer la dernière étape de la recapitalisation entamée en 2015, a assuré le directeur général Tidjane Thiam.

Credit Suisse prévoit d’émettre jusqu’à maximum 404 millions environ de nouvelles actions d’une valeur nominale de 0,04 franc. L’opération doit permettre de porter le ratio de fonds propres durs à 13,4%, contre 11,7% à fin mars.

« Le niveau de capital après l’augmentation prévue permet juste de remonter dans la moyenne de la concurrence, UBS restant devant », observe Loïc Bhend. « Il faut dans ce contexte que la situation sur les marchés et les régulateurs ne pose pas de nouveaux problèmes. »

(ats/nxp)

Créé : 18.05.2017, 05h24

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