Transferts suspects à l’OM : confirmation des peines requise en appel

Mercredi 20 juin 2007 — Dernier ajout mercredi 25 juillet 2007

mercredi 20 juin 2007, 20h43

Transferts suspects à l’OM : confirmation des peines requise en appel

AIX-EN-PROVENCE (AFP) - La défense de Robert Louis-Dreyfus a répliqué mercredi, avec un certain brio sur le double terrain de la dimension personnelle et du débat juridique pur, à l’accusation qui a demandé la confirmation des lourdes peines lors du procès en appel des transferts suspects à l’OM entre 1997 et 1999.

L’avocat général Jean-Philippe Mescle a en effet requis les mêmes sanctions à l’égard des dix prévenus que celles prononcées le 6 juin 2006 en première instance à Marseille. Soit contre l’actionnaire de l’OM Robert-Louis Dreyfus trois ans de prison avec sursis et 375.000 euros d’amende, et contre l’autre principal prévenu Rolland Courbis, ex-coach, trois ans et demi ferme et 375.000 euros d’amende.

Revenant dans le détail sur les 15 transferts suspects lors desquels 22 M EUR auraient été frauduleusement détournés, l’accusation a jugé avérée « l’essence de l’abus de biens sociaux : un acte de gestion faisant courir un risque à la société ».

« Et dans ce dossier, les risques ne manquent pas ! », a assuré M. Mescle, évoquant les « violations des normes fiscales et sociales » et affirmant que Robert Louis-Dreyfus avait « validé les fraudes », alors qu’il aurait « pu marquer une rupture » avec certaines pratiques lors de son arrivée à la présidence fin 1996.

Menée par le trio Claude Serra-Sophie Bottaï-Francis Teitgen, la défense de « RLD » s’est attachée d’abord à dépeindre une certaine dichotomie entre la personnalité de « RLD » qui ne « plastronne pas et déteste les affaires tordues » et un club où règne « un climat malveillant qui l’a accablé », propice aux « rumeurs » émanant de personne aux « intérêts divers » selon Me Serra.

« On l’a soupçonné de blanchiment, de proximité avec la mafia russe ! », eu égard à la nationalité de sa femme. Un comble pour « cet homme pas différent de ses pères, ayant bâti une dynastie familiale portée par des valeurs élevées », notamment « l’honorabilité ».

« Robert Louis-Dreyfus aime Marseille, je ne sais pas si Marseille aime Robert Louis-Dreyfus », résumera Me Bottaï sur ce registre, ne résistant pas à une comparaison avec l’ex-repreneur désigné de l’OM, le Canadien Jack Kachkar « ce demi-dieu bardé de communicants et de garde du corps » pour mieux afficher la « différence » de son client, qui a refusé de lui vendre ce club dans lequel il a pourtant englouti 200 M EUR.

Me Bottaï rejettera aussi toute dimension d’intérêt personnel, qu’aurait pu retirer « RLD » de sa position d’actionnaire-président quand il rachète l’OM en 1996, alors qu’il est patron d’Adidas. C’était l’une des thèses de l’accusation et l’une des motivations du jugement.

Au contraire, assure-t-elle : « accepter de prendre la tête de ce club, qui est le poumon économique de la ville comme à Naples, c’était prendre un risque incommensurable ». Elle pointera aussi le manque de contrôle au sein du club.

Vint l’exposé de droit très argumenté de Me Teitgen. Son objectif : montrer la légitimité de la prime de départ versée, par le club cédant, à certains joueurs venus à l’OM, dont Barcelone à Laurent Blanc, que le jugement estime occulte, échappant aux charges sociales et fiscales et constitutive d’abus de biens sociaux.

« Elle n’est pas occulte, car on connaît à la fois son destinataire final et son montant », répond Me Teitgen, jugeant aussi « stupéfiant » qu’elle soit considérée comme un « équivalent-salaire », car elle ne correspond pas à « l’exercice d’un métier », mais plutôt au « consentement du joueur à résilier son contrat » pour rejoindre l’OM, surtout « quand son salaire est somptueux » comme Blanc au Barça.

Me Teitgen insistera aussi sur le fait que l’OM a respecté la loi en payant en Argentine « qui n’est pas un pays de zoulous » une prime de 15% au club cédant lors du recrutement de Calandria et Berizzo. Et regrettera une procédure insuffisamment « contradictoire » pour son client.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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