BNP Paribas rachète Fortis

Mercredi 26 juillet 2017 — Dernier ajout dimanche 2 juillet 2017

BNP Paribas rachète Fortis

Par Bertille Bayart Mis à jour le 06/10/2008 à 10:47 Publié le 06/10/2008 à 10:46

Les dirigeants du groupe français ont négocié hier le rachat des activités du bancassureur en Belgique et au Luxembourg. L’opération crée la première banque de la zone euro par le volume des dépôts.

Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas a conclu dans la soirée d’hier, en pleine crise financière, un accord avec les gouvernements belge et luxembourgeois qui fera de la banque française la première de la zone euro par le volume des dépôts. BNP Paribas va en effet acquérir les activités belges et luxembourgeoises, de banque et d’assurance de Fortis, pour un peu plus de 15 milliards d’euros. Payés en actions, les gouvernements de Bruxelles et du Grand-Duché entreront, à hauteur respectivement de 10 % et 1,5 % environ, au capital de la banque française et resteront des actionnaires minoritaires des banques Fortis de leur pays.

L’opération a été conclue au terme du second week-end consécutif de négociations de BNP Paribas à Bruxelles. Dimanche 28 septembre, la banque présidée par Michel Pébereau avait fait une première offre, dans des circonstances très différentes, et d’autant plus qu’au même moment se jouait aussi entre Paris et Bruxelles la nationalisation partielle d’une autre banque, Dexia. Ce jour-là, Fortis, en panne de liquidités, risquait la faillite dès le lendemain. BNP Paribas en proposait 5 milliards d’euros, assortis d’une garantie de 6 milliards délivrée par les États du Benelux. Ceux-ci ont-ils craint de brader la banque ? En tout cas, la réponse a été non. Bruxelles, La Haye et Luxembourg ont choisi de nationaliser, à 49,9 % pour 11,2 milliards d’euros, le groupe présent dans les trois pays. Ce sauvetage en urgence n’a, semble-t-il, pas stoppé l’hémorragie de la clientèle. Et, vendredi, le gouvernement néerlandais a décidé, seul, de nationaliser à 100 % « son » Fortis, c’est-à-dire la banque néerlandaise et la partie d’ABN Amro acquise par le groupe l’an dernier en consortium avec RBS et Santander.

Le coup d’épée dans l’eau de BNP Paribas la semaine dernière a peut-être été une chance. Du moins le nouveau périmètre sur lequel les négociations ont repris, intensément depuis jeudi dernier, était-il plus séduisant. Ce qui a justifié la réévaluation significative du prix offert par BNP Paribas. Outre l’absence de la partie néerlandaise et du « morceau » ABN Amro, la transaction conclue hier comprend l’assurance-vie (ce qui n’était pas le cas dimanche dernier) et exclut le portefeuille d’actifs à risques de Fortis.

Solidité confortée

BNP Paribas met en revanche la main sur la première banque de Belgique et du Luxembourg, ainsi que sur les filiales de Fortis, notamment en France et en Turquie. Le total des dépôts du nouveau groupe sera quasiment doublé à près de 600 milliards, ce qui en fait le numéro de la zone euro. Or le « cash » des clients est, en ces temps de crise de liquidité aiguë, un des nerfs de la guerre que livrent quotidiennement les banques pour leur survie.

L’entrée au capital des États belge et luxembourgeois, inenvisageable, ou du moins « capitalistiquement incorrecte », il y a quelques mois, sera aussi dans le contexte actuel un gage de stabilité bienvenu pour BNP Paribas. Son ratio de solvabilité va même s’en trouver amélioré. De quoi renforcer le profil de solidité de la banque française qui à ce jour traverse bien la crise. La preuve : en Bourse, la banque que dirige Baudouin Prot vaut encore 65 milliards d’euros. Surtout, et bien qu’elle soit une banque, elle est l’entreprise du CAC 40 dont l’action a le moins baissé depuis le 1er janvier (- 3,9 %).

La banque française, il y a huit jours comme hier, a mis en avant pour convaincre le premier ministre belge, Yves Leterme, son expérience en matière d’intégration, éprouvée lors du rachat de BNL en Italie, il y a deux ans. Baudouin Prot et Michel Pébereau, ne peuvent en effet ignorer la sensibilité du dossier Fortis en Belgique, premier employeur du pays, et à la tête d’un réseau comprenant l’ex-CGER, l’équivalent de notre Caisse d’épargne.

Bertille Bayart

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