Les traders suisses accusés de déverser de l’essence sale en Afrique
Sylvain Besson Publié jeudi 15 septembre 2016 à 10:30.
L’ONG Public Eye a mesuré des taux de soufre effarants dans les carburants vendus par les négociants genevois en Afrique de l’Ouest. Son enquête décrypte le modèle d’affaires mal connu du carburant à bas prix.
Les géants du négoce pétrolier suisse ont fait de l’Afrique leur chasse gardée. Et ils inondent le continent noir de carburants polluants, en profitant des normes locales laxistes en matière de qualité de l’air, dénonce un rapport de l’ONG Public Eye (ex-Déclaration de Berne) dévoilé jeudi.
La charge est lourde, mais bien documentée. Après une enquête longue de trois ans, l’organisation affirme avoir testé 47 échantillons de carburants (25 de diesel et 22 d’essence) vendus par les filiales de Vitol, Trafigura, Addax&Oryx et Lynx Energy, toutes basées à Genève. Ces produits ont été vendus dans huit pays d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Nord à la Zambie au Sud.
1500 fois la norme européenne
Ils présentent des taux de soufre très élevés, certes conformes aux normes locales, mais effrayants si on les compare aux normes européennes : jusqu’à 1600 parties par million (ppm) pour le carburant vendu sous la marque Puma (filiale de Trafigura) en Angola, alors que la limite légale en Europe est de 10 ppm. Et jusqu’à 3780 ppm pour du pétrole vendu au Mali par Addax&Oryx. Deux tiers des carburants vendus affichent des taux de soufre dépassant 1500 ppm, 150 fois la norme européenne. Lire la suite.