Guy Parmelin mobilise contre la cyber-guerre

Mardi 8 août 2017

Guy Parmelin mobilise contre la cyber-guerre

Armée Le chef du département de la Défense veut recruter une centaine de personnes pour lutter contre les attaques venant du web. Mais où va-t-il les trouver ?

On le savait : la cybersécurité est un sujet qui tient à cœur au ministre de la Défense Guy Parmelin. En mars dernier, il annonçait qu’il souhaitait renforcer la cellule de l’armée dédiée à la question, une cellule qui compte 50 personnes. Ce projet prend forme peu à peu, rappelle le Tages-Anzeiger lundi. En effet, le Vaudois a signé en juin la mise sur pied d’un cyber-plan. Un plan qui a pour but de créer un centre de compétences dédié à la cybercriminalité au sein du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), en collaboration avec les hautes écoles et d’autres partenaires.

Le ministre vaudois a ordonné à cet effet la création de 100 postes supplémentaires dans le domaine du « cyber », comme il le nomme souvent lui-même. Du coup, une nouvelle unité est en train de se créer sous la responsabilité directe du secrétariat général de Guy Parmelin lui-même.

Besoins énormes

Il faut dire que les besoins sont énormes, estime le conseiller national st-gallois Marcel Dobler, fondateur de Digitec et président de l’association faîtière de la branche des technologies de l’information et de la communication ICT Switzerland. « L’armée n’a ni l’expertise, ni les ressources nécessaires pour respecter le mandat constitutionnel de protéger la Suisse contre une éventuelle attaque dans le cyber-espace », souligne-t-il.

Selon de nombreux experts, le défi réside aussi dans l’ampleur du sujet. Car le domaine de la cybercriminalité touche à la fois des aspects de défense civile et militaires, ce qui nécessite une coordination permanente entre les différents secteurs concernés. Or jusqu’ici, chaque département fédéral travaille de son côté. C’est du moins ce qui ressort d’une évaluation indépendante de la stratégie en la matière du Conseil fédéral.

Motion aux Etats

Du coup, le conseiller aux Etats PLR zougois Joachim Eder a demandé dans une motion la mise en commun des ressources via un centre de compétences unique à toute l’administration fédérale pour tout ce qui concerne la cybersécurité. Un centre que devrait collaborer étroitement avec le milieu scientifique et de l’industrie et être autorisé à travailler également avec les autres départements fédéraux, exige-t-il dans son texte signé par la moitié des sénateurs.

Autre problème et il est de taille : où trouver les forces manquantes en matière de personnel ? D’autant que sur ce plan, le DDPS est en concurrence directe avec le secteur privé, avec des entreprises aussi attractives que Google par exemple, qui rémunèrent en plus très bien leurs employés. Du coup, l’image rigide de l’armée n’est guère attrayante pour les intéressés.

Un travail « excitant »

Marcel Dobler est conscient du problème mais estime que le DDPS a pourtant de bonnes chances de trouver de bons candidats.« Cela peut être un travail excitant. En tant que pirate informatique pour l’armée, on peut toucher des secteurs inaccessibles dans le privé », souligne-t-il dans le Tagi. Le hic, selon lui, c’est que Berne et l’armée n’ont pas vraiment essayé jusqu’ici de mettre la main sur les cerveaux brillants du pays.

Et cela n’a pas forcément à voir avec les conditions de travail et le salaire. La collaboration avec le milieu scientifique et les universités est trop faible, juge-t-il. En outre, ni l’EPFZ ni l’EPFL ne proposent des cours complets de cyber-défense.

Mais les choses évoluent. Et le DDPS devra expliquer les difficultés qu’il rencontre à recruter dans le secteur informatique. Mais il devrait quand même à l’avenir y avoir une meilleure collaboration avec les hautes écoles. Plusieurs initiatives sont en cours d’évaluation et des premiers programmes d’étude de cyberdéfense devraient suivre ces prochaines années, promet le département de Guy Parmelin.

(nxp)

Créé : 07.08.2017, 10h06

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