Cinéma : « Une vie violente », le combat dans l’île, jusqu’à la mort

Mardi 8 août 2017

Article sélectionné dans La Matinale du 07/08/2017

Cinéma : « Une vie violente », le combat dans l’île, jusqu’à la mort

Thierry de Peretti fait de la violence politique et criminelle en Corse une remarquable tragédie intime.

LE MONDE | 08.08.2017 à 06h34 • Mis à jour le 08.08.2017 à 09h55 | Par Thomas Sotinel

L’avis du « Monde » – à ne pas manquer

Si l’on dessinait une carte de France à l’aide des films qui y sont tournés, elle serait aussi incomplète qu’un planisphère du XVIe siècle. Non seulement on ne tourne pas partout mais, surtout, le cinéma français ignore des pans entiers du présent et du passé. Une vie violente s’engage avec courage et énergie sur l’un de ces territoires inexplorés (sinon sur le registre de la comédie), la violence politique et criminelle en Corse. Le metteur en scène et scénariste (avec Guillaume Bréaud) Thierry de Peretti est animé par des souvenirs furieux auxquels il veut donner une forme et un sens.

A rebours de ce que l’on aurait pu attendre – une imitation des modèles américains, via la tradition sicilienne (voir Le Parrain ou Les Affranchis) –, le réalisateur met en scène une tragédie intime, qui fait se heurter jusqu’à la mort les idées et les convoitises, la répétition de l’histoire et l’aspiration au changement. Le résultat est un film parfois qui déconcerte, exige beaucoup (entre autres une attention sans faille) du spectateur, pour arriver à ses fins : la lucidité et la compassion. Une cruauté exorbitante

L’une des premières images du film est empruntée à la télévision : on y voit Kurt Cobain parler de son travail. Devant l’image du musicien mort, il y a Stéphane (Jean Michelangeli), étudiant bastiais inscrit à Aix-en-Provence en sciences politiques, un garçon dont l’aspect – mise négligée, chevelure en désordre, lunettes – ne dément ni le cursus ni les goûts musicaux, un jeune Occidental ordinaire de la fin du XXe siècle. A la banalité de ce personnage, cette ouverture oppose une séquence d’une cruauté exorbitante : dans un verger, au vu et au su de travailleurs agricoles, un groupe d’hommes met à mort deux inconnus, criblés de balles, consumés à l’intérieur de leur voiture.

Plutôt que de démêler les fils, le metteur en scène préfère filmer leur enchevêtrement…

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