Pour comprendre la discrimination envers les femmes, il faut remonter à la charrue

Lundi 14 août 2017

Pour comprendre la discrimination envers les femmes, il faut remonter à la charrue

Amanda Castillo Publié jeudi 10 mars 2016 à 16:16.

La discrimination envers les femmes n’a pas toujours été la norme. Comme beaucoup d’autres différences de genre, elle est socialement et culturellement construite. Pour en comprendre l’origine, il nous faut remonter le temps. L’outil agricole a marqué une rupture

Mardi, le monde a célébré la Journée internationale des droits des femmes. Pour rappel, bien que ces dernières soient massivement entrées sur le marché du travail, elles restent largement exclues de certains secteurs économiques, tels que la recherche ou le développement scientifique. Dans le monde de l’entreprise, les conseils d’administration et les équipes dirigeantes restent à majorité masculine. Même les pays du Nord de l’Europe, cités régulièrement en exemple tant ils ont fait des progrès remarquables dans l’équilibre hommes/femmes dans la sphère publique et politique, ne peuvent s’enorgueillir des mêmes réalisations dans le secteur privé, disent Avivah Wittenberg-Cox et Alison Maitland dans leur livre Womenomics. Celui-ci échoue en effet plus que tout autre à capitaliser sur les talents féminins.

Pourtant, la discrimination envers les femmes n’a pas toujours été la norme. Comme beaucoup d’autres différences de genre, elle est en grande partie socialement et culturellement construite. Stéphane Garelli, auteur du livre « Etes-vous un tigre, un chat ou un dinosaure », rappelle que de nombreuses sociétés se sont développées sur la base du matriarcat. « De la préhistoire à la Mésopotamie en passant par les idoles des Cyclades, les peuples adoraient les déesses toutes-puissantes, symboles de la terre nourricière ou de la fertilité. » Le point tournant est survenu au Ve millénaire avant notre ère, lorsque la charrue est apparue en agriculture. L’historien Fernand Braudel explique que la force masculine qu’implique le maniement d’un tel objet a remplacé les femmes dans les champs puis dans la société.

Entreprises motivées par leurs propres intérêts

Plus de 7000 ans après son invention, les femmes sont-elles toujours victimes de la charrue ? De l’avis de certains économistes, les structures sociales profondes d’un pays prennent leurs racines dans sa tradition agricole, et ce même après la disparition de cette dernière. Cette théorie se vérifie dans des pays tels que le Rwanda, le Botswana, ou encore le Burundi, où l’agriculture est marquée par l’utilisation de la houe et où les femmes sont plus impliquées dans le monde du travail. « Au Burundi, 91% des femmes travaillent en dehors du foyer », note Stéphane Garelli. A l’inverse, en Inde ou en Egypte où l’agriculture a été marquée par la charrue, les femmes restent à la maison. Lire la suite.

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