Congo - Pétrole : dur retour de manivelle pour Brazzaville

Mardi 22 août 2017

Congo - Pétrole : dur retour de manivelle pour Brazzaville

ANALYSE. Au bord de l’effondrement économique, le pays doit vite réagir pour conjurer la chute du prix de l’or noir et diversifier réellement son économie.

Par Muriel Devey Malu-Malu, à Brazzaville Publié le 17/08/2017 à 12:48 - Modifié le 18/08/2017 à 10:46 | Le Point Afrique

Il porte tous les espoirs pétroliers du Congo pour les trois prochaines années. Mis en exploitation en mars dernier, le gisement Moho-Nord/ phase 2, opéré par la compagnie pétrolière Total E&P, filiale du groupe français Total, fournira environ 20 % de la production d’or noir attendue à 267 000 barils par jour en 2017, en légère progression par rapport à l’année 2016, pendant laquelle elle a été en moyenne de 232 000 barils par jour. La production montera en puissance en 2018, avec 320 000 barils par jour, dont 22 % seront assurés par Moho-Nord. Cerise sur le gâteau, on table même sur un pic de 350 000 barils par jour. Ce qui placerait le Congo au 3e rang des pays producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne, derrière l’Angola et le Nigeria. Un tableau idyllique… sur le papier.

[…] Le Congo et la malédiction de l’or noir

Le recul de la production pétrolière au cours des dernières années conjugué à la forte baisse des cours mondiaux du baril intervenue en 2014 a eu un impact très négatif sur le budget de l’État. Ainsi, les recettes budgétaires ont baissé de 43 % entre 2013 et 2017, passant de 3 122 milliards de francs CFA à 1 359 milliards. Dans la foulée, de 2 295 milliards de francs CFA en 2013, le montant des recettes pétrolières a chuté à 403 milliards de francs CFA en 2017. Actuellement, les recettes fiscales (impôts et douanes) s’affichent en tête, devant celles tirées du pétrole et du bois.

Les bonnes perspectives de production, au moins pour les trois prochaines années, permettront-elles de relever le niveau des recettes de l’État ? Voire de sauver le pays de la banqueroute financière qui se profile à l’horizon ? La question est sur toutes les lèvres. Sur ce plan, les Congolais risquent de déchanter. Deux facteurs limiteront en effet l’impact du relèvement de la production pétrolière sur les revenus de l’État. Primo, même en hausse, les recettes tirées du pétrole seront vite englouties dans le remboursement de la dette et des arriérés de paiement. « La hausse ne permettra pas de renforcer de manière significative la structure financière de l’État et de reconstituer la base essentielle de nos ressources. On sera encore loin de combler le déficit. », explique le Premier ministre, Clément Mouamba.

L’autre facteur est lié au super-profit oil. Très favorable à l’État en période de forte hausse des prix mondiaux du baril, il diminue sensiblement quand les cours baissent. Il a, en outre, été réduit dans les nouveaux CPP, au profit du groupe contractant en phase d’investissement, une période toutefois limitée dans le temps. Du coup, « les champs Moho-Nord, Banga Kayo et Marine XII vont stimuler la production, mais les effets de cette hausse ne se feront pas sentir de manière significative sur les revenus de l’État », prévient un conseiller du ministère des Finances. Lire la suite.

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