Paupérisées, les classes moyennes ne cessent de s’endetter

Dimanche 3 septembre 2017

Paupérisées, les classes moyennes ne cessent de s’endetter

Une étude montre que le creusement des inégalités de revenus se traduit par une hausse des crédits contractés par les particuliers.

LE MONDE ECONOMIE | 02.09.2017 à 10h53 • Mis à jour le 02.09.2017 à 14h41 | Par Marie Charrel

Comme un air de déjà-vu. Fin juin, la dette des ménages américains a culminé à 12 840 milliards de dollars (10 820 milliards d’euros), selon les données publiées mi-août par la Réserve fédérale de New York. C’est plus que le sommet (12 680 milliards de dollars) atteint au troisième trimestre 2008. C’était au tout début de la crise financière née, aux Etats-Unis, de l’excès de crédits immobiliers contractés par des foyers peu aisés. Le scénario du pire va-t-il se reproduire ? Comment l’éviter ?

Une note publiée vendredi 1er septembre par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) apporte un nouvel éclairage sur le sujet. Les économistes Jérôme Héricourt, professeur à l’université Lille I, Rémi Bazillier de l’université Paris I et Samuel Ligonnière, doctorant à Lille I, y présentent les résultats d’une étude où ils ont passé au crible l’évolution du crédit et des inégalités dans 44 pays entre 1970 et 2012.

Leur point de départ est le suivant : ces dernières décennies, les Etats-Unis et de nombreuses économies développées ont connu à la fois une forte hausse des inégalités de revenus et un boom du crédit aux ménages. « Toute la question est de savoir si les deux phénomènes sont liés, et la réponse est moins évidente qu’il n’y paraît », explique M. Héricourt.

[…] S’endetter pour maintenir son niveau de vie

Leurs recherches montrent également que c’est surtout l’appauvrissement des classes moyennes qui fait le plus bondir l’endettement. Ainsi, dans les pays industrialisés, la baisse de 1 % de la part des revenus totaux détenus par les classes moyennes fait augmenter de 12,6 % la part des crédits aux ménages dans le PIB, contre 3,3 % pour les classes populaires.

Comment l’expliquer ? « Pour maintenir leur niveau de vie et leur pouvoir d’achat lorsque leurs revenus baissent, les foyers de classes moyennes compensent en contractant des emprunts », analyse M. Héricourt. C’est ce qu’ont avancé des économistes tels que le Prix Nobel Joseph Stiglitz (2001), afin d’expliquer la crise financière de 2008.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/09/02/la-pauperisation-des-classes-moyennes-gonfle-la-dette-des-menages_5180043_3234.html#hTiBuOTQgfscoLYL.99

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