Biko

Vendredi 8 septembre 2017

04/09/2017

Biko

Début septembre 1977, il y a 40 ans tout juste, mourrait Steve Biko dans un véhicule de la police sud-africaine qui le transportait de Port Elisabeth à Prétoria. Officiellement, le chantre du mouvement de la Conscience Noire avait fait une mauvaise chute dans sa cellule. Il sera démontré qu’il a été battu à mort par ses gardiens. La disparition de ce leader de la jeunesse sud-africaine, célébrée quelques jours plus tard lors de funérailles présidée par Desmond Tutu, marque l’Histoire des pensées. Son héritage, dépassant largement le cadre d’une commémoration mémorielle, doit être rappelé : Nul ne peut éliminer l’existence d’un autre, si ce dernier prend conscience de son humanité et ose l’affirmer.

Avant toute chose, Steve Biko a montré la force d’un combat juste. Pendant plus de 15 ans, le régime d’apartheid est parvenu à verrouiller son pouvoir. Au début des années 1970, pratiquement tous les leaders majeurs de l’opposition sont emprisonnés et, pour les plus importants, mis au secret. Le pays est calme et la branche armée de l’ANC, décapitée en 1964 par l’arrestation de tout son état-major, ne représente pas une menace. Rien ne semble pouvoir faire bouger cette chape de plomb, tenue par une poignée de blancs sur des millions de sud-africains. La résignation domine. C’est sur elle que repose l’idée d’une conscience à réveiller. Etape première d’une émancipation.

C’est par les jeunes de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, très sensibles aux idées de Steve Biko, que la lutte prend dès 1976 une tournure aussi dramatique que déterminante. Après des semaines d’émeutes, dont il n’a filtré que très peu d’images et aucun bilan précis, l’Afrique du sud entre dans la lente agonie du régime d’apartheid. Il tombera finalement en 1992.

L’héritage de Steve Biko est loin d’être anodin et revêt une forme d’universalité qu’il serait faux de limiter à un combat de libération nationale. Il se dresse notamment en opposition à l’idée qu’il existe une vérité, une manière de faire, une manière d’appréhender les choses, une face « juste », et l’autre « fausse ». En prônant et en assumant la nécessité d’une confrontation, Steve Biko a montré que le monde doit être pluriel et qu’aucune partie de celui-ci n’a vocation à assujettir une autre. En politique, à l’échelle d’un pays, d’une région, voire, à une échelle bien plus réduite encore. Au sein même d’une famille ?

Debout sur le soleil par Olivier Perroux, historien-économiste et constituant

Blog tenu sur le site du journal "La Tribune de Genève.

PS :

Steve Biko, la conscience noire par Augusta Conchiglia, 11 septembre 2007

Extrait de l’article publié sur le site du journal « le Monde Diplomatique »

Son lâche assassinat suscita une telle indignation internationale que le Conseil de sécurité procéda enfin au renforcement de l’embargo sur les armes décrété en 1963, qu’il avait refusé après la répression sanglante de la révolte de Soweto une année auparavant. Comme le déclara Mandela lors de son élection en 1994 : « Biko a été le premier clou dans le cercueil de l’apartheid. » Lire la suite.

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