Les dessous de la reprise des actifs de Necotrans par Bolloré

Samedi 16 septembre 2017

Les dessous de la reprise des actifs de Necotrans par Bolloré

Par Marie-France Réveillard | 11/09/2017, 10:04 | 1282 mots

Créé en 1985, le groupe de logistique internationale a longtemps représenté l’un des fleurons de l’économie française en Afrique. La politique de diversification et les réseaux mal maîtrisés ont finalement conduit à la cession du groupe. Quatre ans après la mort de Richard Talbot, Bolloré Transport & Logistics - le concurrent historique - acquiert les actifs stratégiques de Necotrans : retour sur un naufrage annoncé.

[…] Avis de tempête sur Conakry

La difficile restructuration de Necotrans a rapidement conduit le groupe au naufrage. En novembre 2016, l’entreprise cède à la hâte, ses parts de la Société des Terminaux de Conteneurs du Gabon (STCG) au groupe Bolloré. Ce dernier détenait déjà 51% de l’entreprise opératrice du terminal du Port d’Owendo. L’opération vise essentiellement à renflouer les caisses du groupe même si le PDG s’en défend. L’entreprise cherche alors à renforcer Necotrans Gabon, sa deuxième filiale en Afrique, présidée par Jean-Denis Amoussou, Conseiller du Président Ali Bongo, et dirigée par Geert Van Gansbeke.

Quelques mois après la disparation de Talbot, la situation est alarmante : cession, restructuration et licenciements entraînent Necotrans dans la tourmente. L’acquisition des mines en République Démocratique du Congo, a particulièrement fragilisé l’entreprise. Fin 2015, Grégory Quérel - appuyé par le cabinet AM Capital - négocie la cession de Mining Company Katanga avec Philippe Labonne, le DGA de Bolloré Transports et Logistics et DG de Bolloré Ports. Cette opération est conduite parallèlement au contentieux guinéen entre Necotrans et le groupe Bolloré sur la gestion du Port Autonome de Conakry (PAC).

La crise est profonde au regard du différend qui l’oppose alors au groupe breton. Bolloré avait été condamné le 10 octobre 2013 par le Tribunal de commerce de Nanterre, à lui verser 2 millions d’euros pour préjudice mais Necotrans avait fait appel. Sa filiale GETMA, avait été écartée de la gestion de la concession du PAC en 2011, et réclamait 132 millions d’euros de dommages et intérêts à son concurrent, sur fond de scandale politique. Avec l’acquisition de la STCG par le groupe Bolloré, la procédure d’appel est abandonnée. Coup de maître de Bolloré qui, malgré l’amitié née sur les bancs de la Fac entre le Président guinéen et Pierre-André Wiltzer (conseiller de Necotrans), remporte cette bataille…

Une difficile restructuration

Quand Talbot s’éteint, c’est l’âme du groupe qui disparaît. L’entreprise a longtemps été gérée comme une PME par un Directeur qui maîtrisait à la fois les réalités du terrain et qui connaissait individuellement, un grand nombre de ses employés. L’homme d’affaires a bâti un empire, en parcourant le continent pendant plus de 30 ans. Necotrans représente 126 implantations dans 40 pays sur 5 continents pour un chiffre d’affaires de 1.3Mds d’euros et 5000 salariés. Disposant de soutiens nombreux, la réussite du groupe tenait beaucoup à la personnalité de son fondateur.

Son successeur - âgé de 38 ans - est le reflet d’une nouvelle génération. Soutenu par l’Institut Choiseul, le centralien Grégory Quérel débute sa carrière chez Natixis et rejoint Necotrans en 2004. D’un mode de management décentralisé entre une multitude d’entités aux processus internes hétérogènes, il passe à l’uniformisation des services, à la consolidation des données et à la centralisation des activités. Les objectifs sont ambitieux mais la mécanique s’enraye au point où, Necotrans est vite contraint de renoncer.

En janvier 2017, le groupe confie un mandat de cession à |a Banque d’affaires Rothschild. Le Fonds OLAM - spécialisé dans le négoce et le courtage de denrées alimentaires, a été pressenti pour la reprise de Necotrans mais l’annonce tombe le 25 août dernier : le consortium Bolloré - APCH - Premium et Privinvest rachète les actifs du groupe. Echec et mat ! Lire la suite

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