En Afrique du Sud, la descente aux enfers des frères Gupta continue

Mardi 26 septembre 2017

Décryptage

En Afrique du Sud, la descente aux enfers des frères Gupta continue

Les derniers comptes bancaires de la fratrie indienne, accusée de « capture » de l’Etat sud-africain, devraient être clôturés d’ici la fin du mois.

Par Adrien Barbier (Johannesburg, correspondance)

LE MONDE Le 25.09.2017 à 17h51

De leur propre aveu, leur chute serait « inévitable ». Au cœur du plus gros scandale politico-financier actuel en Afrique du Sud, la richissime fratrie d’industriels indiens, accusée d’avoir « capturé » l’Etat sud-africain et son président Jacob Zuma, n’a plus que quelques jours pour trouver une nouvelle banque pour ses entreprises, sans quoi il lui sera difficile d’exercer ses activités. Pour ses détracteurs, l’effondrement de l’empire Gupta est en vue.

Le 30 septembre, la Bank of Baroda, la dernière banque qui permettait encore à vingt entreprises possédées ou liées aux Gupta d’effectuer des transactions financières, va clôturer tous leurs comptes. Oakbay, la holding familiale, a bien tenté d’empêcher la manœuvre au tribunal, argumentant que cela aurait « un impact désastreux pour leur business », avec des conséquences pour leurs milliers d’employés, dont les salaires ne pourraient plus être versés. Jeudi 21 septembre, le juge Hans Fabricius a débouté la demande, arguant qu’il y avait de fortes suspicions que les Gupta aient « saboté l’intégrité du système financier, pour le dire gentiment ».

La base arrière de Dubaï

[…] Or l’opposition sud-africaine craint justement qu’ils ne plient bagage pour Dubaï, leur base arrière, où, en l’absence d’accord extradition, ils pourraient échapper à la justice sud-africaine. Celle-ci avance très lentement. Le 6 septembre, le procureur général Shaun Abrahams a finalement confirmé que les fuites des GuptaLeaks étaient désormais intégrées à l’enquête sur la capture de l’Etat, lancée suite à un rapport publié fin 2016 montrant comment les Gupta s’y prenaient pour influencer la nomination de ministres et remporter de juteux contrats publics. Mais, malgré des révélations quasi quotidiennes dans la presse locale et alors que la fratrie et Jacob Zuma continuent de démentir leurs liaisons dangereuses, les Gupta n’ont pas encore été officiellement inquiétés.

[…] Le 15 septembre, sept dirigeants de la branche sud-africaine du cabinet d’audit KPMG, y compris le directeur général, ont remis leur démission, suite à la publication d’une enquête interne sur le travail réalisé pour le compte de la famille Gupta. Le cabinet les aurait aidés à transférer des fonds vers Dubaï en montant des sociétés écrans, parmi d’autres techniques d’évasion fiscale. La maison mère s’est depuis engagée à reverser 3 millions d’euros correspondant aux honoraires versés par les Gupta à des organisations caritatives.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/09/25/en-afrique-du-sud-la-descente-aux-enfers-des-freres-gupta-continue_5191209_3212.html#O6UCGfKOrscRXGV8.99

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