Bolloré et les centres d’appels : une menace et une exécution

Mercredi 27 septembre 2017

L’empire

Bolloré et les centres d’appels : une menace et une exécution

Info « Les Jours ». Ultime intimidation : en plus de la liquidation du centre de Saint-Denis, le patron agite la fermeture de celui de Rennes.

26 septembre 2017 Épisode n° 72

Texte Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts Photo Jean-Claude Moschetti/Réa Que se passe-t-il avec le mouvement des conseillers clientèle de Canal+ ? Ceux qui, depuis bientôt trois semaines, protestent contre le plan social qu’inflige la direction du groupe de Vincent Bolloré à ses deux centres d’appels ? Accueillie au début de l’été avec un certain fatalisme par des salariés éloignés des ors de Canal+ qui sentaient depuis des mois et des années le vent du boulet les frôler, la charrette se fait désormais violente, hurlante, brutale. Un huissier dépêché par la direction pour constater l’occupation des locaux par les grévistes au Centre de relations clients (CRC) de Rennes qui tente d’imposer une nouvelle organisation du travail, corvéabilité appréciée. Deux élues du personnel mises à pied pour faute grave au CRC de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) qui, lui, va tout bonnement fermer. Des négociations à vif, où la direction perd ses nerfs. Des réunions où la morgue d’une huile déclenche cris et larmes chez les salariés. Et maintenant des menaces, telle celle formulée vendredi aux représentants du personnel de Rennes : Monsieur Bolloré n’est pas content. Si vous continuez, il vous en coûtera la même chose qu’à Saint-Denis : la fermeture.

Ce mardi à 14 heures, les négociations doivent reprendre à « Eiffel », du nom du siège de Canal+ à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), avant une autre session prévue jeudi. Mais des deux côtés de la table, on a sorti les griffes. « Avant l’été, explique Luis Coelho, délégué CGT au CRC de Saint-Denis, les gens croyaient aux reclassements internes ; après l’été, on s’est pris la réalité : il y a une volonté claire de la direction de ne pas reclasser en interne. » Les rares postes proposés ne correspondent pas aux qualifications des conseillers clientèle et les reclassements externes les promettent à des emplois à 300 euros par mois dans des centres d’appels de prestataires installés, par exemple, à Madagascar… 153 postes supprimés à Saint-Denis, une location d’immeuble qui n’aura plus lieu d’être : 8 millions d’euros d’économies, avance la direction, qui semble tenir pour quantité négligeable la qualification de ces salariés-là. Lire la suite.

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