Dick Marty. La loi contre la terreur d’État

Vendredi 22 juin 2007 — Dernier ajout dimanche 1er juillet 2007

Journal l’Humanité

Rubrique International

Article paru dans l’édition du 22 juin 2007.

Europe

Dick Marty. La loi contre la terreur d’État

Siégeant au Conseil de l’Europe, le Suisse Dick Marty n’est pas un homme de gauche. C’est un centriste. Mais il est aussi le représentant de ce que l’on pourrait qualifier de la meilleure tradition de l’humanisme et du légalisme politique helvétique, issue de l’une des plus vieilles démocraties d’Europe. De cet esprit qui a été à l’origine de la création de la Croix-Rouge et des conventions de Genève (établissant des lois pour la guerre)… Pas très étonnant que dans ce monde post-septembre 2001, aux principes brouillés au nom de la lutte contre le terrorisme, il soit rentré dans la peau d’un David (d’autres diront de Don Quichotte) de la moralisation de la politique sécuritaire en Europe, celui qui se bat avec ses petits moyens contre les dérives des Goliath, ces raisons et secrets d’État des gouvernements européens dans l’affaire des vols et prisons secrets de la CIA.

À soixante-deux ans, le juriste Dick Marty a déjà eu une carrière politique nationale bien remplie : il fut, successivement, procureur général du canton italophone suisse du Tessin où il a lutté en précurseur contre le blanchiment de l’argent sale par les banques suisses et leur puissant establishment, membre du gouvernement de ce même canton et enfin, élu à la chambre haute du Parlement helvétique où il siège toujours. Et quand le Conseil de l’Europe lui a confié la tâche d’enquêter sur les vols secrets de la CIA en Europe, il s’est lancé, tête baissée, pour démêler les ramifications européennes de ce système illégal mis en place par les États-Unis de Bush pour enlever et transporter des présumés terroristes afin de les torturer tranquillement dans des pays accommodants.

À l’arrivée, dans ses deux rapports pour le Conseil dont le dernier a été rendu public il y a quelques jours, il a réussi à mettre en évidence la part d’ombre de l’action des services secrets et des gouvernements européens, dont plusieurs ont été des complices actifs de cette monstruosité sécuritaire (dans le dernier opus, il cite la Pologne et la Roumanie qui ont abrité des camps secrets de détention américains). Dick Marty a accompli cette tâche, dit-il, convaincu, « qu’on ne peut réellement mener la lutte nécessaire contre le terrorisme qu’avec les armes de la légalité démocratique ».

Ramine Abadie

Publié avec l’aimable autorisation du journal l’Humanité.

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