Ronen Palan : « La liste noire ne permet pas de s’attaquer aux vrais paradis fiscaux »

Samedi 9 décembre 2017

Ronen Palan : « La liste noire ne permet pas de s’attaquer aux vrais paradis fiscaux »

Dans un entretien au Monde, le professeur de politique internationale à la City University of London juge la liste grise « plus pertinente », car « elle place sous surveillance d’importantes juridictions britanniques »

LE MONDE ECONOMIE | 06.12.2017 à 10h57 • Mis à jour le 06.12.2017 à 11h57

Ronen Palan, professeur de politique internationale à la City University of London, explore la question des centres financiers offshore depuis vingt ans. Il a écrit plusieurs ouvrages de référence, dont Les Paradis fiscaux, paru en janvier 2017 (Editions La Découverte).

Que vous inspire la liste noire européenne ?

Il existe une bonne soixantaine de paradis fiscaux dans le monde. Or, aucun des grands centres financiers offshore prisés par les grandes fortunes et les multinationales ne figure sur la liste noire adoptée par l’Union européenne.

Les « Paradise Papers » et, avant eux, les « Panama Papers », ont dessiné une cartographie de la fraude et de l’évasion fiscales, et l’on sait que l’argent de ces ultrariches ne va pas massivement au Panama, pays de prédilection des Russes ou des Chinois encore miné par la corruption et la criminalité, et encore moins en Mongolie et dans les Samoa, mais aux îles Caïmans, aux Bermudes, dans les îles Vierges britanniques, à Jersey et Guernesey, à l’île de Man, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Suisse, en Irlande, à Singapour et à Hongkong.

La liste européenne a beau avoir été établie avec rigueur et en fonction de critères objectifs, elle ne permet pas de s’attaquer aux vrais paradis fiscaux et à l’argent là où il se trouve réellement. Elle ne concerne en réalité que des acteurs mineurs de l’offshore ou des acteurs qui vivent de leur propre argent, comme les Emirats arabes unis. La liste grise publiée en marge de cette liste noire me paraît plus pertinente, dans la mesure où elle place sous surveillance d’importantes juridictions britanniques.

Par ailleurs, il est des outils plus efficaces et plus puissants que les listes noires pour combattre les paradis fiscaux, à l’instar de la loi Fatca [Foreign Account Tax Compliance Act] adoptée par les Etats-Unis. Celle-ci laisse les paradis fiscaux faire ce que bon leur semble, mais contraint tous…

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/12/06/ronen-palan-la-liste-noire-ne-permet-pas-de-s-attaquer-aux-vrais-paradis-fiscaux_5225395_3234.html#JRxQhgyGYUaQK1pH.99

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