« Il y a une vraie charge mentale sur l’enquêteur financier »

Lundi 11 décembre 2017

À la poursuite de l’argent sale « Il y a une vraie charge mentale sur l’enquêteur financier »

Entretien. Fillon, Sarkozy… Les policiers de l’OCLCIFF s’occupent des affaires d’argent. « Les Jours » font parler leur patron, Thomas de Ricolfis.

11 décembre 2017 Épisode n° 14 Texte Camille Polloni Photo Simon Lambert

Par la fenêtre de son grand bureau au neuvième étage, Thomas de Ricolfis a une belle vue sur Nanterre. Le mont Valérien en face ; à gauche, les tours de la Société générale, où son service est déjà allé perquisitionner à pied. Sur la droite, des bâtiments empêchent d’apercevoir un autre lieu familier, le siège du Front national.

Depuis septembre 2015, le commissaire divisionnaire Thomas de Ricolfis, 51 ans, dirige l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF, généralement prononcé « Oklif » pour simplifier), le service de police chargé des affaires d’argent particulièrement sensibles ou complexes : les emplois familiaux de François Fillon, Bruno Le Roux et Michel Mercier, les dossiers Business France, Bygmalion, Dassault, Balkany, Dieudonné, Campion, l’enquête sur un éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, la vente de sous-marins Scorpène au Brésil, plusieurs scandales de corruption dans le sport, les assistants parlementaires du Modem et du Front national (autant d’affaires à retrouver dans notre « Magouillotron »), etc. Au total, environ 350 enquêtes occupent en ce moment l’OCLCIFF, dont une bonne partie sont très médiatisées. Pas étonnant que la corbeille à papier du commissaire déborde de journaux.

Thomas de Ricolfis paraît tellement calme que ça le rend un peu déstabilisant au premier abord. Grand et mince, il tient son corps sur le fil entre « bien droit » et rigide, parle sans affect. Quelques minutes suffisent à repérer son côté pince-sans-rire et une légère timidité. Le commissaire aime encore faire un tour en perquisition de temps en temps, alors qu’il n’y est plus obligé, ou participer lui-même à un Lire la suite.

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